La place de l'Algérie dans le concert des nations est pleinement rétablie après des années d'efforts. Invitation au G20, reconnaissance d'un rôle primordial dans la lutte antiterroriste au Sahel et pressions internationales moindres, notamment de la part des Américains. Ce sont là quelques indices qui renseignent sur la rupture de l'isolement auquel l'Algérie était soumise, même implicitement. Le pays demeure fréquentable. Le Président Bouteflika aura d'ailleurs à défendre la position de l'Algérie sur les mutations qui ont lieu actuellement au Moyen-Orient à l'ère des révolutions arabes, même si le terme n'est pas au goût des dirigeants locaux qui se sont prononcés sur le sujet. Le Président est effectivement invité à assister à la réunion du G20 qui se déroulera jeudi et vendredi prochains à Deauville en France. «Le partenariat avec les pays du Printemps arabe sera un enjeu majeur à Deauville, a dit hier le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valéro. Et le Président ne se déplacera pas les mains vides puisque le projet de réformes est déjà engagé avec les consultations politiques ayant débuté depuis quelques jours. Il faut s'attendre à ce que le gros du débat sur le dossier soit accaparé par l'Egypte et la Tunisie et dont les dirigeants sont aussi invités à la réunion. La Syrie et la Libye ainsi que le Yémen auront aussi leur place dans l'agenda des chefs d'Etat. Le fait que le président français, Nicolas Sarkozy, adresse une invitation à son homologue algérien est le signe qu'il reconnaît le rôle central que l'Algérie peut jouer dans le règlement des conflits régionaux. Le geste de Sarkozy tend à réparer son erreur lorsqu'il a décidé d'intervenir en Libye sans consulter Alger. Le sommet est donc l'occasion pour le Président Bouteflika de marquer des points précieux au niveau régional. Les complications en Libye font de lui un interlocuteur incontournable pour les Occidentaux. Dans la recherche d'une solution négociée, l'Algérie est l'un des rares pays à pouvoir servir de médiateur avec le leader libyen. C'est aussi une opportunité pour donner du tonus à l'initiative de l'Union africaine qui prône la cessation des hostilités entre les forces d'El Gueddafi et les insurgés. Le rôle de l'Algérie est indéniablement reconnu lorsqu'il s'agit de gérer le dossier du terrorisme au Sahel. La rencontre en France intervient quelques jours après la tenue d'une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays du Sahel à Bamako, au cours de laquelle l'Algérie a été chargée de rechercher les mécanismes susceptibles de conduire à un dialogue avec les partenaires extra-régionaux. L'Union européenne et les Etats-Unis sont les acteurs visés par ce partenariat. Une réunion est même prévue entre les pays du Sahel et ces mêmes puissances à Alger avant la fin de l'année. L'Algérie aura à défendre la cause des pays voisins qui ont besoin de l'aide de la communauté internationale. Une réflexion sur une réutilisation de l'acquis engrangé depuis 20 ans par rapport aux activités de la Banque européenne de reconstruction et de développement, en la mettant au service des relations avec les pays du sud de la Méditerranée, sera engagée à l'occasion de cette réunion. En toile de fond, on retrouve aussi un débat pour tenter de réactiver l'Union pour la Méditerranée. Toute cette activité diplomatique vise donc à cultiver les traditions de bon voisinage entre les deux rives de la Méditerranée et mettre de côté les querelles interminables sur l'histoire, surtout que d'autres motifs de brouille ont été réglés. Le président a déjà pris part au sommet France-Afrique à Nice il y a un an. A l'époque déjà, l'insistance de Sarkozy était grande pour que Bouteflika fasse le déplacement. Les deux hommes ont certainement la volonté d'arriver à une vision commune sur de nombreux dossiers, même s'il est difficile d'en dire autant à propos du Sahara occidental. Les positions de l'Algérie sur les questions d'ordre international forcent le respect. Même Obama, lors de son discours à l'adresse du monde, a soigneusement évité de citer le cas de l'Algérie comme ceux ayant besoin de leçons sur les droits de l'homme. Un atout de plus sera acquis lors du prochain sommet. Les dirigeants des grandes puissances, qui sont des partenaires importants de l'Algérie, seront aussi de la partie. On y compte justement le président américain, Obama, le Russe Medvedev, le plus jeune Premier ministre britannique de l'histoire moderne du pays, David Cameron, 44 ans. Son ministre chargé de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, Alistair Burt, a salué hier le début des consultations politiques en Algérie qui «couvriront des aspects importants, notamment la révision de la Constitution, la loi électorale, la loi relative à l'information et le rôle de la presse, la décentralisation et la participation des femmes dans la vie politique». Il a déclaré que toutes ces questions sont extrêmement importantes. «Nous suivrons les développements avec intérêt», a-t-il ajouté.