A force d´avoir laissé trop longtemps le ver dans le fruit, l´Etat ne sait plus comment faire pour sauver la municipalité. Car c´est de cela qu´il s´agit aujourd´hui. Le souci de l´abstention est relégué au second plan. L´enjeu des élections municipales du 29 novembre prochain est de préserver les fondements même de la République. Aux électeurs qui tournent le dos aux différents scrutins, nous voilà aujourd´hui face à la rareté de candidats pour représenter les citoyens au niveau des communes. Sans électeurs et sans candidats que restera-t-il des communes? Les facilités accordées pour remplacer les candidatures rejetées et la prolongation de ces «corrections» poussée jusqu´au 30 octobre 2007 qui ont été décidées jeudi dernier par le ministère de l´Intérieur ne sont rien d´autre que d´ultimes concessions pour sauver ce qui peut l´être des prochaines municipales. Des municipales qui, rappelons-le, ont été déjà différées une première fois officiellement pour cause de Ramadhan. En réalité, le taux d´abstention aux élections législatives de mai dernier a sérieusement pesé sur la décision de ce premier report. Des inquiétudes qui se sont avérées d´ailleurs justifiées face aux difficultés rencontrées par toutes les formations politiques, grandes et petites, à «boucler» leurs listes de candidats. La crise de confiance entre les citoyens et les élus tant au niveau national que local est bien réelle. Le fossé s´est même tellement élargi que les «petits remèdes» tels que les prolongations et autres facilités à remplacer les candidats paraissent bien dérisoires et sans effet. Si les causes de cette crise sont multiples, la principale reste sans conteste la corruption. Il est vrai que des efforts en matière de lutte contre la corruption ont été entrepris par l´Etat, sauf que ces efforts auraient gagné à être mieux pensés qu´ils ne l´ont été. En ce sens qu´ils n´ont pas tenu compte de l´état du corrompu. Le résultat marqué par la désertion est bien visible après le retrait des affaires du foncier de la compétence des communes. Que faut-il faire alors pour recréer cette confiance indispensable au fonctionnement de l´Etat? Refaire incontestablement le chemin inverse de l´action du ver dans le fruit. Remonter au plus haut niveau de l´Etat et appliquer cette fameuse loi, oubliée dans les tiroirs, des signes extérieurs de richesse. Ce n´est qu´ensuite qu´on pourra faire appliquer la déclaration du patrimoine que les cadres, élus ou pas, ne veulent toujours pas respecter. Pour qui et pourquoi aller aux élections dans ces conditions?