Deux mesures impopulaires et tout aussi inefficaces viennent d´être remises en cause. La première est connue sous le nom de la circulaire Ouyahia, du nom de l´ex-chef de gouvernement qui avait émis une circulaire interdisant aux entreprises publiques de déposer leur argent dans les banques privées, qui vient d´être abrogée. La seconde, votée par le Parlement dans la loi de finances complémentaire 2005, obligerait les importateurs à faire état d´un capital de 20 millions de dinars. On peut penser que la pénurie de pomme de terre et la mauvaise qualité de celle qui été importée du Canada sont liées à la disparition de la concurrence dans les opérations de commerce extérieur, la disposition de la loi de finances complémentaire ayant favorisé l´émergence et la constitution de monopoles au point que certains groupes d´intérêt ont acquis une position dominante dans des pans entiers de l´économie nationale. L´activation du Conseil de la concurrence permettra sans doute de veiller à ce que cela ne se reproduise plus, même s´il faut qu´il y ait plainte pour que la loi antitrust soit mise en oeuvre. Quant à la circulaire interdisant aux entreprises publiques de déposer leur argent dans les banques privées, elle va à contre-courant de tout le discours développé depuis plusieurs années et faisant l´apologie de l´économie de marché. Le contexte dans lequel a été prise cette mesure, et qui est liée à l´affaire Khalifa et aux scandales financiers de deux autres banques privées, est un mauvais prétexte. Soit les institutions bancaires et financières du pays sont en mesure de veiller à la bonne application des règles prudentielles, sans toucher à la fluidité et à la transparence du fonctionnement de l´économie, soit on est dans un moulin où chacun fait ce qu´il veut, quitte à se déjuger pour un oui ou pour un non. Car il est évident que la circulaire Ouyahia a été prise dans la précipitation, l´essentiel étant de mettre sa tête à l´abri, avant que le scandale Khalifa n´éclabousse tout le monde. «Après moi, le déluge» était le principe de cette circulaire. Une solution de facilité qui pouvait causer des torts à l´économie nationale; mais là n´était pas le souci des rédacteurs de ce texte. Aujourd´hui qu´il s´agit de mener à son terme la privatisation du CPA, on revient en haut lieu à de meilleurs sentiments. Une circulaire aura donc à abroger ce qui a été institué par une autre circulaire. Un clou chasse l´autre. Ainsi va le monde. Restent les suites judiciaires de l´affaire Khalifa, et dans laquelle beaucoup de directeurs généraux d´entreprises publiques sont impliqués. Quelle sera leur réaction?