Le personnel politique algérien est plongé dans une mare d´interrogations. La désignation de Ahmed Ouyahia par le Président de la République pour le représenter au Sommet Inde-Afrique, qui s´ouvre aujourd´hui, est dans toutes leurs discussions. Pourquoi ce choix alors que le deuxième personnage de l´Etat est le président du Sénat, le troisième celui de l´APN? Et puis pourquoi pas le chef du gouvernement? Pourquoi avoir choisi le seul des trois leaders de la coalition à n´avoir pas de poste au gouvernement? Certains trouvent l´audace nécessaire pour avancer leurs explications avec cet air d´être dans les secrets des affaires. C´est un signal pour Belkhadem, disent les uns. Cela veut dire que le Président n´est pas satisfait de son travail et qu´il le remerciera bientôt pour le remplacer par Ouyahia. De la mare d´interrogations jaillissent des réponses dont bon nombre sont pour le moins fantaisistes. En réalité, cette désignation est à mettre d´abord sur le compte de la compétence. De plus, il faut se rappeler que Ouyahia a déjà été désigné dans le dossier de l´Eryhtrée, par exemple. Sa connaissance des problèmes de l´Afrique est incontestable. Ensuite, et si signal il y a, il ne s´adresse pas seulement à Belkhadem mais à toutes les opinions de l´intérieur et de l´extérieur. Ouyahia sera Chef de l´Etat par intérim durant deux jours que durera le Sommet. Il n´est donc pas exclu que le président Bouteflika voie en lui son seul successeur valable. Qu´il le prépare ainsi aux plus hautes charges de l´Etat n´étonnera que ceux qui le veulent bien. L´actuel leader du RND est, en effet, le seul présidentiable aujourd´hui en Algérie. Un présidentiable qui a tout de même déclaré ne jamais se présenter contre Bouteflika. Ce qui veut dire que si Bouteflika veut en faire son dauphin pour les prochaines élections présidentielles de 2009, c´est qu´il ne compte pas se représenter pour un 3e mandat. D´ailleurs, tout le monde a remarqué que les rassemblements pour «El-houhda talitha» ont cessé brutalement depuis peu. Il n´est donc pas exclu que le poste de vice-président, s´il s´avère inclus, dans la révision de la Constitution, reviendra certainement à Ouyahia qui deviendra ainsi le deuxième personnage de l´Etat. Auquel cas, la révision de la Constitution ne sera pas comme il a été soutenu jusque-là par tous les adversaires de Bouteflika, une révision sur mesure pour lui permettre de se maintenir au pouvoir à vie. Elle le sera dans l´intérêt général, pour l´Algérie. Pour permettre au successeur de travailler avec une loi fondamentale conforme à l´évolution prise par le pays. Sans plus. Par cette désignation, la probabilité que Bouteflika ne brigue pas un troisième mandat est renforcée. Cette désignation va également avoir un effet d´aimant pour tous les opportunistes qui ne manqueront pas de faire «allégeance» à Ouyahia dès son retour de New Delhi. Mais attention, la barre est hissée d´un cran supplémentaire. Le jeu est à très haute voltige. Un jeu qui n´est pas fait pour des amateurs.