En marge de la 63e Assemblée générale des Nations unies, revient à l´ordre du jour la question de la réforme et de l´élargissement de la composante du Conseil de sécurité de l´ONU. Le dossier «réforme» est quasiment sur la table des principaux responsables onusiens et internationaux depuis le début des années 2000. Débat initié par l´ancien secrétaire général de l´ONU, Kofi Annan, et resté jusqu´ici informel. Huit ans après, on en est encore à se demander quelle avancée a été réalisée. Or, le résultat des discussions reste faible, pour ne pas dire insignifiant, en rapport avec l´ enjeu de donner à l´ONU plus de personnalité et surtout plus de pouvoir. La façon avec laquelle l´organisation internationale a été parasitée et court-circuitée par les Etats-Unis, qui passèrent outre l´accord de l´ONU pour envahir l´Irak, en dit long sur les dysfonctionnements d´une institution censée assurer la paix et la sécurité de tous les peuples dans tous les pays du monde. Or, les exemples ne manquent pas qui disent combien les Nations unies sont devenues une façade derrière laquelle les grandes puissances, ou plutôt les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, imposent leur loi et leur lecture unilatérale de la Charte des Nations unies et, plus largement, du droit international, appliqué avec rigueur ici, ignoré là. Donc, à l´ombre de l´Assemblée générale, les discussions sur l´éventualité de réformer l´ONU sont revenues au-devant de la scène internationale. Reste cependant à s´entendre sur le terme même de réforme: s´agirait-il d´un simple lifting qui s´accompagnera d´un élargissement du Conseil de sécurité, ou est-il envisagé un véritable réaménagement de l´institution internationale pour la mettre totalement en phase avec notre époque et l´évolution tous azimuts que connaît le monde en ce début du troisième millénaire? De fait, beaucoup de pays, à leur tête les Etats-Unis et certains détenteurs du droit de veto, ne se sont guère empressés pour réaliser cette refonte, plus que jamais nécessaire, qui se suffiront d´un lifting qui permettra à certains membres du G7 (l´Allemagne et le Japon) d´accéder au Conseil de sécurité en tant que «permanents». D´autres pays, dit émergents, notamment le Brésil et l´Inde, sont également candidats à ces positions tant enviées du Conseil de sécurité. Cependant, une réforme de l´ONU doit-elle se restreindre au seul élargissement du Conseil de sécurité, alors qu´il est question de changer de fond en comble la Charte de l´ONU pour redonner à l´organisation sa raison d´être, du fait qu´elle se trouve actuellement otage des détenteurs du droit de veto qui manipulent le Conseil de sécurité pour leurs seuls intérêts, lecture et vision des rapports entre les peuples et les Nations. Si cet aspect du dysfonctionnement actuel de l´ONU n´est pas pris en compte, une telle réforme ne servirait à rien tant qu´existent des textes qui permettent, ont permis, le diktat de quelques pays sur l´ensemble de la véritable communauté internationale qui ne s´arrête pas aux seuls détenteurs de la puissance (militaire, financière et économique). Cette dichotomie pèse et a lourdement pesé sur l´action de l´ONU, impuissante à rappeler à l´ordre certains des membres permanents du Conseil de sécurité qui bloquent la solution des contentieux palestinien et sahraoui. Ainsi, plus que jamais, l´ONU est devenue ce «machin» que dénonçait avec mépris le général de Gaulle. Aussi, s´il faut réformer pour y conforter le pouvoir de ceux-là mêmes qui ont dénaturé la raison pour laquelle l´ONU a été créée, autant alors en rester à l´actuel statu quo, fût-il négatif pour la paix et la sécurité dans le monde.