Partis politiques, «représentants» du peuple, «société» civile et - même - les ministres, de concert, observent un étrange mutisme face à la cascade de scandales financiers qui défraient la chronique ébranlant les fondements de l´Etat. Où sont donc ces députés, grassement rétribués? Où sont ces «politiciens», dont c´est le rôle de monter au créneau? Où est la société civile censée être le porte-parole de la «masse» silencieuse? Où sont les ministres, dont la charge est de bien gérer leurs départements, mais curieusement les derniers à savoir ce qui s´y passe? L´assourdissant silence qu´observe la «classe politique» nationale face à la montée en cadence des affaires de corruption au plus haut niveau de l´Etat, est-il normal? Le questionnement est devenu inévitable lorsque les prévarications, les scandales financiers répétitifs et les atteintes aux biens de l´Etat sont banalisés au point que ceux qui font office de «dirigeants» n´estiment pas devoir réagir à ce qui est la honte d´un pays, non pas du fait de son incapacité à combattre la corruption, mais parce qu´il ne s´est pas donné les moyens de le faire. De fait, que devient la «Commission nationale de prévention et de lutte contre la corruption» dont on ignore même la mission? Mais le plus grave, si cela est encore possible, c´est bien l´attentisme dans lequel se sont murés les députés, sénateurs et partis politiques dont c´est essentiellement le rôle de veiller à la bonne marche de l´Etat et à la transparence des décisions prises au nom des Algériens. De vrais députés, sénateurs et autres partis politiques et société civile se seraient-ils tus face à la déliquescence atteinte dans la conduite des affaires du pays? Or, ce sont là des carriéristes qui s´agitent dans un simulacre de champ et d´activité politiques, faisant diversion et encourageant par leur silence l´opacité, mère de tous les méfaits. Certes, tout accusé est présumé innocent jusqu´à ce que la justice le convainc de prévarication, mais est-il ordinaire qu´un ministre en charge d´un département aussi important que l´Energie et les Mines, puisse affirmer ne «rien savoir» quant aux tenants de l´affaire Sonatrach? Est-il concevable, qu´un autre ministre de la République (affaire de l´autoroute Est-Ouest) puisse justifier son recul, par rapport au scandale, par le fait qu´il n´est pas responsable de la nomination du secrétaire général de son ministère? Globalement, comment se peut-il que des ministres ne soient pas au courant, ou ne peuvent intervenir, dans ce qui se passe dans leurs départements ministériels? Comment se fait-il que des députés - réitérons-le, dont c´est le rôle - n´éprouvent pas le besoin de «questionner» le gouvernement sur les «affaires» qui rythment la vie sociale du pays? On peut comprendre, à la limite, que des responsables ou dirigeants de sociétés ou d´institutions, se laissent compromettre ou corrompre, est-il dans l´ordre des choses, en revanche, que ce qui aurait dû être l´exception devienne la règle? Or, l´avalanche de scandales financiers de ces dernières années - où tous les secteurs d´activité économique et financière ont été touchés - montre que le ver de la gangrène est profondément dans le fruit. Faut-il dès lors s´étonner que la réputation du pays «s´effrite», que des institutions financières mondiales placent l´Algérie parmi les pays les plus corrompus dans le monde? Pouvait-il en être autrement lorsque ceux-là mêmes - élus du peuple, édiles, société civile - chargés de défendre les intérêts de l´Etat, pour les uns, d´alerter et de dénoncer tout dépassement, pour les autres, préfèrent regarder ailleurs que d´assumer les responsabilités pour lesquelles ils ont postulé, ont été désignés ou en font un sacerdoce? Sans se prononcer sur le fond, le scandale Sonatrach est un avertissement qu´il faut prendre très au sérieux.