La Chambre de commerce et d´industrie «El Wahat» (Oasis) dont le siège est à Ouargla, vient de faire savoir que face à l´absence de chambres froides, les producteurs de dattes de la région ratent des opportunités de marché à l´exportation et s´empressent d´écouler leur production localement à des prix fluctuants pour éviter la détérioration du fruit et subir des pertes financières. C´est au coup par coup. Il y a peu, le problème des chambres froides s´était posé lors du stockage de la pomme de terre. Il apparaît, avec cette histoire de dattes, que l´éventail des produits nécessitant des chambres froides est large. Et qu´aucune autosuffisance alimentaire n´est possible sans les infrastructures de stockage et de conservation adéquates. On aura beau avoir des récoltes record d´année en année, on aura beau voir nos agriculteurs redoubler d´efforts et d´ingéniosité, on aura beau avoir une très bonne année pluviométrique, tout ceci ne servira strictement à rien si, en parallèle, n´est pas menée une véritable politique de stockage dans son sens le plus large. Un sens qui implique toute l´infrastructure nécessaire (silos, chambres froides, aires de stockage,...) une formation à grande échelle de la gestion des stocks avec un réseau de connexion à l´échelle nationale et enfin, la mise en place d´une distribution appropriée (organisationnelle) et spécifique (respect de la chaîne du froid). C´est un grand chantier qu´il faudra ouvrir dans ce sens si l´on veut que la dynamique de relance qui démarre dans le milieu agricole garde toujours une tendance à la hausse. En effet, il suffit d´un seul surplus gâché pour anéantir des années d´investissements financiers, matériels et psychologiques. Lundi dernier, la commission de l´agriculture, de la pêche et de la protection de l´environnement de l´APN a présenté au ministre de l´Agriculture et du Développement rural le rapport des visites d´inspection qu´elle a menées à travers le pays durant deux années et les conclusions qui permettent d´avoir une meilleure visibilité sur le déroulement des projets de renouveau agricole et rural. Il serait intéressant et utile que le rapport soit rendu public. Que l´on sache si nos députés ont intégré les moyens de stockage, de la conservation, de la gestion des stocks et de la distribution dans ce renouveau. Il ne faut plus se raconter des histoires et s´extasier sur une seule bonne récolte, fût-elle un record. Il faut savoir raison garder et ne réfléchir qu´en termes de développement durable. Le renouveau agricole par lequel on peut espérer atteindre notre indépendance alimentaire ne se suffit pas de la recherche agronomique, ni de la mécanisation, ni encore des moyens d´irrigation,...Tout ceci est valable en amont. Mais si, en aval nous ne sommes pas prêts à prendre en charge convenablement la généreuse production obtenue, c´est tout simplement peine perdue. Plusieurs grandes filières sont ici concernées comme l´industrie du froid et la grande distribution, pour ne citer que ces deux volets. Normalement, c´est le rôle du ministère de la Planification que le dernier remaniement ministériel a remis sur rails. Il serait inadmissible qu´il redevienne ce département de «planqués» qu´il fut par le passé.