L´instauration de l´économie de marché a induit ces dernières années une montée en puissance des groupes informels et mafieux qui ont fait main basse sur de vastes secteurs de l´économie et du commerce. Cette déréglementation de l´économie nationale a eu pour conséquence première l´apparition de groupes mafieux qui ont vite fait d´accaparer des secteurs-clés, souvents stratégiques. Mafia de la sardine, mafia du rond à béton, mafia du ciment, mafia du médicament...Et la liste n´est pas exhaustive tant les groupes organisés et mafieux ont mis en coupe réglée plusieurs secteurs de l´économie nationale. Du monopole de l´Etat au laisser-faire, l´économie nationale a ainsi effectué un virage à 180°. De fait, l´économie de marché a donné lieu à une véritable mascarade où n´importe qui pouvait se bombarder «homme d´affaires» ou groupes mafieux et rétablir le monopole à leur profit. C´est dans cette atmosphère de déliquescence de l´économie et du commerce que l´Algérie posa sa candidature à l´Organisation mondiale du commerce (OMC) alors que rien ne prédisposait le pays à faire ce saut qualitatif. En effet, s´il y avait à déplorer le chaos qui est celui du commerce national, que dire de la jungle qui caractérise le commerce international! Alors même que des pans entiers de l´économie sont livrés au commerce informel, aucun texte de loi ne protège, par ailleurs, la production nationale qui a gravement reculé dans la dernière décennie. De fait, plusieurs unités industrielles du pays, désarmées, ont dû procéder à de sévères dégraissages pour survivre, quand nombreuses sont celles qui ont tout simplement été contraintes à mettre la clé sous le paillasson. Ainsi, une économie de marché mal comprise, mal gérée, a généré une déstructuration du commerce national, livré à des mafieux de tout acabit. Cette impréparation de l´Algérie à l´économie de marché a induit une montée en puissance du marché informel, où les trabendistes se sont taillés de véritables baronnies faisant main basse sur d´importants secteurs de l´économie qui échappent au contrôle de l´Etat. Des localités du pays sont alors devenues des hauts lieux du marché informel au détriment de la production nationale d´une part, du Trésor public d´autre part, ces «importateurs» ne payant, par ailleurs, aucune redevance (cf. l´affaire dite de Bir El Ater à Tébessa qui a défrayé la chronique au début des années 2000). Ces faux commerçants qui brassent des milliards n´en retournent aucun centime à l´Etat et n´en investissent pas davantage dans des activités légales. Ce qui alarma à juste titre, à l´époque, le gouverneur de la Banque d´Algérie qui notifia aux banques primaires le blocage de toute opération de domiciliation bancaire à l´encontre des importateurs inscrits sur le registre du commerce (Cnrc). L´existence de la majorité n´était pas confirmée, alors que nombre d´entre eux n´ont pu être localisés. De fait, de 60% à 80% de ces «importateurs» n´avaient pas d´existence légale, selon la Banque d´Algérie. Sept sur dix de ces faux-vrais importateurs sont catalogués EPC-NL (existence pas confirmée, ou non localisée). La situation a-t-elle tellement évolué depuis? Il est permis d´en douter avec l´apparition de la mafia dans des secteurs-clés de l´économie nationale en sus de la propagation de la corruption. Effectivement, quelque part, l´Etat a négligé de jouer pleinement son rôle. Trop d´Etat étouffe l´économie, pas d´Etat dénature l´économie. Un faux dilemme en vérité, du fait que l´Etat a renoncé à son rôle régulateur (l´Etat est responsable de la stabilité économique du pays) quand ce sont certains commis de l´Etat, indélicats, qui se sont appropriés des vecteurs-clés du commerce, brassant des milliards qui échappent au contrôle du fisc. Cela explique quelque part le désastre de l´économie et du commerce en Algérie.