Après 10 ans de séparation loin du groupe KG2, son ancien membre et musicien, Kamel Mansouri revient et le duo avec Moh Gosto est enfin reconstitué. Des retrouvailles consolidée par un nouvel album intitulé justement Come-back. C'est du rock plutôt soft qu'il nous est donné d'apprécier. Du sucre d'orge qui se laisse fondre dans nos oreilles tendrement, sans nous laisser indifférents aux messages véhiculés à travers les textes de ses chansons. Sur un fond social, Moh KG2 dit Moh Gosto et son compère, Kamel Mansouri, qui revient sur la sellette musicale après 10 ans d'absence, dénoncent les maux et les tares de la société algérienne actuelle. Plusieurs thèmes sont ainsi abordés dans cet album, notamment la paupérisation et la misère, la médiocrité, mais aussi le matérialisme et le «piston»... Ce nouvel opus renferme huit chansons d'un cru musical plus au moins varié. Les mélodies qu'elles véhiculent s'éloignent à quelques degrés près, du genre rock belda auquel Moh nous a habitués. Preuve s'il en est que lui et ses musiciens, Omar Amroun à la batterie, Merouan 1er guitare, Mustapha Mansouri 2e guitare, Ouahid Sahnoun à la basse et Kamel Mansouri comme aide guitariste, ont fait l'effort de l'«exploration» musicale afin d'éviter de tomber dans le classique «toujours le même disque». Quoi que l'empreinte ou la touche rock belda du groupe y est indéniablement et naturellement omniprésente, notamment dans Essohba. A travers ce titre, Moh fait un clein d'oeil à ses mésaventures amicales surtout dans le domaine artistique. Une ballade où transparaît le style de Moh, chantée dans un genre folk song. Dans 36/15 khobza, la voix rauque de Kamel dénonce la mal-vie des Algériens. «Aujourd'hui, les gens ne pensent même pas à partir en voyage mais plus à pouvoir s'acheter le pain pour survivre et c'est l'amour de la matière ou le matérialisme qui prévaut», raconte Kamel dans le refrain. Y a el-ayane, est une chanson à caractère satirique qui met en exergue la médiocrité ambiante qui règne dans certaines de nos administrations, épinglant certains patrons «qui ne sont pas à leur place. D'un très faible niveau, ils se retrouvent du jour au lendemain promus à un poste supérieur par la magie de la brosse»... Décliné sur un pur style country, ce morceau est rehaussé par la voix des Messagères. Aïcha, non pas le prénom, mais entendre par là celle qui «vit», décrit le quotidien d'une jeune et belle demoiselle de l'an 2000. Une fille à la page, qui est bien ancrée dans son temps. «Là où elle passe, elle fait fureur et les jeunes ne la laissent pas tranquille, ils la draguent à chaque coin de rue», fait remarquer Moh en plaisantant. Le morceau est joué sur un air de Led Zeppelin où les frappes de la batterie font écho aux notes accoustiques de la guitare, se donnant ainsi la réplique en parfaite communion. My lord évoque les pensées amères d'un homme qui, approchant de la quarantaine, fait un retour sur son passé et se rend compte qu'il n'a rien, ni maison, ni femme, ni enfants... Sur un air nostalgique, Kamel chante Oh my lord, let me go. De la salsa pour changer colore le morceau Je salue. Cette chanson dit le retour d'un homme dans son pays, l'Algérie, et qui après une dizaine d'années passées en France, en a marre de la «grisaille et du métro»... Il décide ainsi de rentrer au bercail, là où il «est né». Les paroles de cette chanson sont signées du chanteur kabyle Meziane Izourane. Ach Elissare est du pur reggae, 100% rasta. Une chanson qui passe au crible certaines injustices qui tendent à s'enraciner jusqu'à devenir un «fléau» par les temps qui courent. Elle met à l'index ce vilain garçon, sans foi ni, loi qui jette son père dans la rue sans scrupules, mais aussi, le père de famille qui met à la porte son enfant à la moindre occasion, ou ce mari indigne qui, en répudiant sa femme, la jette hors de chez elle... Le texte de ce morceau, pathétique, est celui de cheikh Rabah. L'album s'achève par un hommage rendu au baroudeur et mythique Bob Dylan et ce, avec Citoyen du monde. C'est Kamel Mansouri qui chante en s'essayant au style Rn'b groove, tandis que l'esprit jazzy plane grâce à l'apport mélodieux de la guitare. Ce nouvel album est caractérisé par une forme d'ouverture aussi bien au niveau des compositions musicales que sur le plan de l'écriture des textes. Chacun y a mis du sien pour sa réalisation, fait remarquer Moh. «Ce fut pour moi, une très riche expérience», indique-t-il. Moh préfère aujourd'hui prendre son temps avant d'entamer quoi que ce soit, et notamment préparer un concert. Ses tournées qui l'ont amené à voyager à travers le monde, notamment à Sarajevo, en France et en Italie... ont définitivement forgé l'état d'esprit de l'artiste qui, en ouvrant les yeux, veut en découdre avec le bricolage. «Fini le bricolage!», dit-il. Désormais, Moh est bien décidé à «agir en professionnel» et d'expliquer: «Pour monter un bon spectacle, je tiens à le faire techniquement parlant, surtout, dans les règles de l'art.» Distribué chez Gamma-Editions le nouvel album de ce duo choc est disponible, en tout cas, chez tous vos bons disquaires, en CD et K7. Pour ce qui est des activités de Moh, sachez que vous pouvez le retrouver tous les jeudis de 17h à 19h, en compagnie de Farid le rocker, dans l'émission Oxi-jeunes. Du samedi au mercredi, Moh anime par ailleurs, avec Nasreddine Baghdadi, Le monde de la musique, et ce, de 23h15 à minuit. Cela se passe sur radio El-Bahdja. Come-bake est un beau cadeau à offrir pour le nouvel an.