Les détenus continuent à observer leur mouvement de grève de la faim. Déterminés, ils refusent encore de surseoir à cet ultime recours jusqu'à l'aboutissement de leurs revendications. «La poursuite de cette logique meurtrière inquiète à plus d'un titre», nous disait un avocat que nous avons rencontré en compagnie d'un parent de détenu. «La démobilisation citoyenne, l'absence de clarté au niveau du traitement des dossiers et les refus successifs aux demandes de liberté provisoire sont autant d'éléments à l'origine du recours à la grève de la faim», nous expliquait, hier, un parent, visiblement désabusé par la tournure que prennent présentement les événements. En effet, contrairement à la première grève de la faim initiée en octobre, celle qui est en cours actuellement semble s'installer dans la durée avec toutes les conséquences qu'elle pourrait engendrer sur la santé mentale et physique des détenus et pour cause: l'appel lancé en début de semaine par la coordination intercommunale n'a pas eu l'effet escompté auprès des grévistes qui restent insensibles aux appels pour l'arrêt de la grève. Contacté par nos soins, Me Benouaret nous dit: «Nous sommes toujours derrière eux pour qu'ils cessent cette action inutile» Avant d'enchaîner: «Certains ont déjà accepté et nous gardons espoir de convaincre très bientôt les autres». Le collectif d'avocats de la défense reconstitué récemment s'apprêtait, hier, à tenir une réunion pour l'évaluation de la situation et ce, à la veille d'autres actions que les ârchs initieront en faveur des détenus. Les manifestations de rue, prévues par la coordination intercommunale de Béjaïa le jour de l'Aïd en faveur des détenus, qui sont à leur 10e jour de grève de la faim, ont été, pour la plupart, annulées en raison du mauvais temps. Au-delà des intempéries qui peuvent être un handicap à ce genre d'actions, il y a lieu de signaler cette démobilisation qui touche de plein fouet les ârchs. L'absence de l'élément mobilisateur explique largement la défection des citoyens. Hormis la ville d'El-Kseur, qui n'a pas failli à la tradition en organisant comme prévu une démonstration de rue, les autres localités ont vécu, ces deux journées de l'Aïd, dans la quiétude. Les traditionnelles visites familiales l'ont emporté sur la contestation politique.