Bagdad a procédé hier à la remise du document définissant son programme militaire. Dix jours après l'arrivée en Irak des inspecteurs en désarmement de l'ONU, Bagdad a remis aux experts onusiens une déclaration sur son programme de production d'armes prohibées, respectant ainsi la date fatidique du 8 décembre. Ce volumineux document de 11.807 pages devait, selon les autorités irakiennes, attester que l'Irak ne dispose plus d'armes de destruction massive. Ce que le général Hossam Mohamed Amine, a encore réitéré, hier, lors de la présentation du document en question à la presse. Ainsi, le général Mohamed Amine souligne que «la déclaration réaffirme que l'Irak n'a plus d'armes de destruction massive». Cependant le processus, conformément à la résolution 1441 du Conseil de sécurité votée au début du mois dernier, ne fait que commencer et il faudrait sans doute plusieurs jours, sinon semaines, avant que le Conseil ne se fasse une «religion» sur la déclaration de l'Irak. De fait, le chef de la Commission de contrôle d'inspection et de vérification de l'ONU (Cocovinu), Hans Blix, avoue que plusieurs jours seront nécessaires pour analyser les tenants du document remis par Bagdad. Ce qui est également le sentiment du président en exercice du Conseil de sécurité, l'ambassadeur colombien Alfonso Valdivieso, qui indique que cette déclaration doit être «analysée d'abord avant de savoir si elle peut être rendue publique». Si les experts ont repris, sans problème, hier leur travail d'inspection et de vérification sur le terrain, il est fort probable en revanche que le débat se déplace maintenant dans les coulisses du Conseil de sécurité, d'autant que Bagdad n'a plus qu'à faire montre de patience pour savoir quel accueil le Conseil va réserver au volumineux document irakien. Mais d'ores et déjà sceptiques les Américains ne semblent accorder aucun intérêt à ce rapport que le porte-parole de la Maison-Blanche, Ari Fleischer, avait qualifié «d'annuaire téléphonique», arguant que les Irakiens veulent noyer ce qu'ils cachent dans la masse de ce volumineux document pour que, selon lui, «les gens ne se rendent pas compte de ce qui y manque». Il va de soi que l'étude de la déclaration irakienne nécessitera du temps et qu'il est matériellement impossible que le Conseil de sécurité puisse rendre la semaine prochaine, comme il était prévu par la résolution 1441, une décision sur la «manière ultérieure de traiter cette déclaration». D'autant plus qu'il faut encore compter avec les Etats-Unis, qui recevront une copie du rapport irakien, qu'ils éplucheront jusqu'à ses moindres recoins pour en débusquer un possible mensonge de Bagdad. Dans une déclaration, le Département d'Etat a indiqué que Washington ne ferait pas de «jugement précipité» et qu'il analysera le rapport, de même que les inspecteurs, «et il ne faut donc pas s'attendre à des jugements précipités». De fait, les Etats-Unis ne lâchent pas et le président Bush n'a cessé ces dernières semaines de dire que le désarmement de l'Irak «est une tâche urgente» que Washington est prêt «à mener seul par la force si nécessaire». Autant dire que le rapport irakien, malgré son volume, peut se révéler de peu de poids face à la détermination américaine de «désarmer» Saddam Hussein. Toutefois, les choses sont présentement entre les mains du Conseil de sécurité et également, pour une large part, dans ceux des experts en désarmement de l'ONU qui auront leur mot à dire, car la situation évoluera selon qu'ils estiment, - suite aux actuelles inspections -, que l'Irak a désarmé ou pas. En fait c'est de ce que découvriront ou non les experts en désarmement de l'ONU que dépendra le sort futur de l'Irak.