L'information n'a pas été confirmée, mais elle circule avec insistance dans les milieux politiques avertis. Des sources officieuses et généralement bien informées nous ont indiqué que le président américain, George W.Bush, devrait effectuer une visite officielle en Algérie au courant de l'année prochaine. Cette visite, apprend-on de mêmes sources, serait incluse dans une tournée dans les trois principales capitales africaines. Outre l'Algérie, Bush devrait également séjourner en Afrique du Sud et au Nigeria. Ces trois pays, porte-parole du continent africain, sont également les principaux négociateurs du Nepad, un plan mis en place par les pays les plus riches de la planète dans le but de favoriser un développement harmonieux et durables des Etats africains tant sur les plans économique et social, que politiques, démocratiques et en matière de respect des droits de l'Homme. L'information, certes, n'est pas encore confirmée. Mais elle circule avec insistance dans les milieux diplomatiques et politiques avertis qui avancent que cette visite devrait être le couronnement d'un redéploiement diplomatique algérien tous azimuts depuis l'arrivée du Président Bouteflika à la tête de l'Etat algérien. Depuis le printemps 1999, année de l'élection à la présidence de Bouteflika, l'administration américaine a fait sienne la thèse de Paul Kennedy qui désigne l'Algérie parmi les «Etats pivots». Cette thèse a été accentuée et renforcée par les attentats du 11 septembre qui constituent désormais, pour les Etats-Unis, un tournant historique dans la refonte de leur géostratégie. Au lendemain des attentats du 11 septembre, le Président Bouteflika a rencontré par deux fois son homologue américain, en juillet 2001 puis en septembre de la même année. Le «Je veux travailler avec vous» dans le domaine d'échange d'informations sécuritaires, adressé par Bush à Bouteflika, a confirmé que la bataille d'Alger contre l'islamisme armé et celle de Washington contre Al-Qaîda sont de même nature. Cette coopération militaire, technique et politique s'est soldée par les visites officielles effectuées respectivement par le commandant de laVIe flotte américaine et le commandant de l'USAir Force, le général Michael E.Ryan. Un rapprochement sécuritaire qui dénote le nouveau rôle confié à l'Algérie dans la stabilisation du pourtour méditerranéen. Les thèses algériennes en matière de lutte contre le terrorisme, reprises même par la CIA dans un rapport transmis à la Maison-Blanche, ont été grandement renforcées à l'échelle internationale lors des deux colloques tenus récemment à Alger, l'un sur la lutte contre le terrorisme et l'autre sur celui de la lutte contre le crime organisé. Devenue une réalité perceptible, l'embellie des relations algéro-américaines tient également à la clé du pétrole. Il faut noter que Bush entretient des relations privilégiées avec les plus grandes compagnies pétrolières américaines. Anadarko est l'une de ces sociétés implantées en Algérie où elle a découvert plus de 12 gisements depuis 1999. Ces découvertes ont renforcé la position algérienne sur l'échiquier américain. Les Etats-Unis, qui jusque-là n'investissaient que 500 millions de dollars, ont quadruplé la mise depuis 1999 et ont décidé la suppression des plafonds des crédits octroyés par l'Eximbank à l'Algérie. Par ailleurs il convient de signaler que la tendance, actuelle, positive des relations entre les deux pays n'est pas sans susciter la concurrence diplomatique des autres pays pour un rapprochement avec Alger, notamment ceux de l'UE. Certains observateurs avancent que la stratégie américaine vise à concurrencer la France et torpiller le projet de coopération Nord-Sud méditerranéen. Le projet d'Eizenstat, qui prévoit une zone de libre-échange pour 2004, a été lancé dans cette perspective, avancent les mêmes observateurs qui font remarquer que le processus de Barcelone visait l'échéance 2010. La même année, apprend-on de mêmes sources, Le président français, Jacques Chirac, mais aussi d'autres chefs d'Etat, doivent également effectuer des visites officielles à Alger. Cette dernière est devenue une destinée incontournable pour tous les Etats intéressés tant par le continent noir que par le monde arabe.
