Le 11 septembre a constitué un tournant décisif dans les relations algéro-américaines. La coopération judiciaire, sécuritaire et militaire entre l'Algérie et les USA a pris un essor sans précédent. Même si l'Algérie a toujours été considérée comme l'un des pivots de l'Afrique, les Etats-Unis ont mis beaucoup de temps avant de s'en rapprocher. De la «régression féconde», qui a caractérisé la position américaine face à la montée de l'intégrisme et du terrorisme, au soutien inconditionnel à la politique de Bouteflika, les attentats du 11 septembre ont réduit à néant le pragmatisme américain, permettant d'améliorer qualitativement les relations entre les deux pays au point de désobliger quelque peu l'Europe qui a toujours placé, l'Algérie sous sa zone d'influence. L'apport de l'Algérie dans la lutte internationale contre le terrorisme a fait d'elle un pays incontournable dans cette lutte. L'Algérie est entrée de plain-pied dans la stratégie globale américaine et ce, au détriment de l'Europe dont les hésitations lui ont été fatales. Les premiers pas dans ce sens ont été faits par le Président de la République qui a effectué plusieurs visites aux USA. Les entretiens politique, économique et militaires avaient alors primé et Bouteflika avait réussi à convaincre Bush d'appuyer la politique de la concorde civile. Cela s'est traduit par des réunions à Blair House, entre Bouteflika et Colin Powell, secrétaire d'Etat américain, en présence des responsables du FBI, du Pentagone et de la CIA. Certaines indiscrétions indiquent que beaucoup de choses ont été réalisées lors de cette réunion, où des dossiers ultraconfidentiels ont été échangés permettant de définir les relations sécuritaires ainsi que leurs limites. Les rapports soumis à George W.Bush par ses conseillers insistaient d'abord sur la place nouvelle qu'occupe désormais l'Algérie dans la stratégie globale des Etats-Unis dans la Méditerranée et le Maghreb, cela en tant que troisième client pétrolier de l'Algérie après l'Italie et la France. Les hydrocarbures ont d'ailleurs motivé la nouvelle démarche américaine en Algérie. Les deux pays affichent un volume d'échanges annuel avoisinant les 4 milliards de dollars, dont près de 3 milliards d'importations américaines, essentiellement des hydrocarbures. Pour ce qui est de la situation intérieure algérienne, les conseillers de Bush se sont tous accordés à dire que «l'instabilité est toute relative». Ils sont allés plus loin en indiquant qu'«elle n'a rien d'alarmant si l'Administration américaine contribue à aider l'Algérie dans sa lutte contre le terrorisme et au règlement de la crise économique». Concernant la crise en Kabylie, les experts de la Maison-Blanche sont persuadés que «ces événements ont été sciemment dramatisés par les médias et les officines français et exacerbés par les affrontements entre clans politiques antagoniques, qui cherchent à occuper le terrain politique kabyle». Les experts américains sont sur la même longueur d'onde que Bouteflika, allant jusqu'à s'interroger sur «les véritables commanditaires de ces manifestations à répétition». L'élément inédit de cette visite d'Etat algérienne est que pour la première fois depuis son indépendance, l'Algérie se tourne vers les Etats-Unis pour équiper ses forces armées. Les choses sont ainsi en train de bouger plus rapidement qu'on ne le croit. Et les sources parfois autorisées et d'autres officielles confirment, peu à peu, l'existence d'une nouvelle ère de coopération militaire entre les deux pays. Cela a d'ailleurs été conforté par la visite de hauts responsables militaires tels que le vice-amiral José Lopez commandant-adjoint de l'OTAN. Cette avancée sans précédent a facilité la coopération dans le renseignement, dans la lutte antiterroriste, notamment contre les réseaux armés algériens implantés à l'étranger. Plusieurs visites d'experts algériens avaient été effectuées à Washington pour étudier les cas des terroristes présumés ainsi que ceux des détenus de Guantanamo. Le dossier des cinq Algéro-Bosniaques avait donné son plein sens à cette nouvelle forme de coopération qui est loin d'avoir livré tous ses secrets.