L'heure des bilans et des grandes manoeuvres a déjà sonné. L'Algérie a vécu un week-end chargé en événements politiques, comme elle en connaît rarement hors des grands rendez-vous électoraux. Cette brusque animation, après des semaines, voire des mois de léthargie, ne serait pas uniquement due au fruit du hasard. Des grosses cylindrées ont choisi le même jour pour animer des actions médiatiques et politiques assez importantes. Or, il n'y a pas de hasard en politique. Le FLN, première force politique du pays, donne l'air de vouloir tout particulièrement surveiller de près, de très près, l'ensemble de ses élus. Un autre échec de ce parti dans la gestion des affaires de la cité ne signifierait rien moins que sa mort politique. Au rajeunissement des candidats, à l'amélioration du niveau d'instruction des élus et à leur charte d'honneur et déclarations publiques des fortunes, s'adjoignent des rencontres cycliques avec les dirigeants du parti dans le but de faire le point de la situation, des éventuels obstacles rencontrés et manquements constatés. La majorité dont est détenteur ce parti est bel et bien une arme à double tranchant. Benflis, qui cherche à bâtir un parti moderne, proche du peuple et résolument inscrit dans l'avenir, sait bien que la tâche sera ardue et qu'il sera difficile de se débarrasser de certains vieux réflexes. Benflis, qui joue la carte de la transparence, s'est même permis de faire quelques remontrances à ses élus en présence de la presse, ce qui constitue une première pour ce parti. Le même jour, à quelques kilomètres à vol d'oiseau, un autre parti, et non des moindres, réunissait son secrétariat national. Le RND, à la recherche désespérée d'une grande place perdue, cherche à jouer les trouble-fêtes, en rappelant les actions passées de ses DEC devenus élus quand personne ne voulait prendre de responsabilité par peur des représailles terroristes. Ce discours, maintes fois seriné, a encore été le lot des membres du conseil national qui savent bien que Ahmed Ouyahia n'a d'autre choix que de minimiser les erreurs de gestion commises par son parti s'il veut avoir une seule chance d'améliorer ses scores lors des prochaines échéances électorales. Cette approche n'a pas empêché le secrétaire général du RND de s'en prendre violemment et crûment au mouvement des ârchs, déniant le statut de détenus politiques ou d'opinion aux nombreux émeutiers et délégués incarcérés. Un autre parti, qui a présentement le vent en poupe, a réuni ses cadres jeudi. Le MRN, sous la présidence de Djaballah a préféré tenir son conclave dans le fief du cheikh, Skikda. Le FFS, lui non plus, n'a pas manqué ce «rendez-vous» en réunissant son conseil national pour une «session ordinaire». Le parti de Aït Ahmed, qui a eu à essuyer de nombreuses campagnes, depuis sa participation aux dernières élections locales, n'a d'autre choix que d'aller jusqu'au bout de cette logique basée sur le sauvetage de la République et de l'unité territoriale comme l'avait initialement souligné son premier secrétaire, Ahmed Djeddaï. Ces réunions, il faut le croire, s'annoncent comme une dernière répétition avant les élections partielles. Ces dernières, à leur tour, seront l'ultime test pour les partis politiques avant la présidentielle de 2004.