La traduction du Livre saint en tamazight est en phase d'être terminée. Le ministère des Affaires religieuses, qui a chargé 11 enseignants pour s'acquitter de cette tâche, ne s'est pas trop encombré des détails techniques puisqu'il a opté de facto, pour la transcription du Coran en caractères arabes. Par cette décision, la polémique opposant principalement les islamistes aux autres courants - auxquels revient le mérite d'avoir déterré, promu et revendiqué cette langue - semble définitivement tranchée par cette institution officielle de la République, à savoir le ministère des Affaires religieuses. Par ailleurs, les responsables du non moins officiel HCA (Haut Commissariat à l'amazighité), contactés par nos soins, ont déclaré n'avoir pas été associés officiellement à ce travail. Instauré par décret présidentiel en 1995 à la suite de la grève du cartable en Kabylie durant l'année scolaire 94-95, le HCA a toujours adopté la transcription de tamazight en caractères latins dans ses publications. Des centaines de revues éditées par des associations culturelles pour la promotion de tamazight, des oeuvres littéraires, des fascicules, des travaux de recherche linguistique et même des journaux, au début des années 90, ont également opté pour la transcription latine donnant ainsi une sérieuse longueur d'avance sur les promoteurs de l'écriture de cette langue en caractères arabes. Cependant, même dans la transcription latine des détails d'ordre purement technique ne sont pas encore réglés. Entre les règles grammaticales de feu Mammeri, celles de Haroun Mohammed, de Salem Chaker et d'autres éminents linguistes spécialisés en tamazight, beaucoup reste à faire quant à la standardisation de la transcription. Par ailleurs une tendance nouvelle de bebéristes, produit de l'arabisation de l'école algérienne, se fait de plus en plus sentir par sa tendance à transcrire tamazight en caractères arabes. La décision de révision de la Constitution le 12 mars, conférant à tamazight le statut de langue nationale, a constitué un des événements qui ont marqué l'année 2002, et permis le parachèvement d'un long processus de recouvrement de l'identité nationale.Cependant, la constitutionnalisation de tamazight ne suffit pas si sa promotion et son développement ne sont pas pris en charge. Aussi l'ouverture d'un débat national s'avère nécessaire pour dépassionner la question, loin de toutes les considérations politico-idéologiques qui ont fait trop de mal à cette langue qui a traversé des millénaires.