La fédération nationale Ugta des travailleurs des industries agroalimentaires monte au créneau et annonce, à travers une journée de protestation prévue aujourd'hui, le début d'une bataille contre les plans de privatisation annoncés par le gouvernement. Les sections syndicales des quatre entreprises, à savoir l'Encg, Giplait, Enasucre et Enajus dans leur communiqué, font notamment référence aux «décisions unilatérales des pouvoirs publics, relatives à la privatisation» des quatre groupes ainsi qu'à des «déclarations contradictoires du ministre de la Participation et de la Promotion de l'investissement». Est-il trop tard pour redresser la barre? La réponse demeure floue dans la mesure où le mal de ces entreprises vient de leur environnement immédiat. En effet, l'exemple le plus frappant est, sans nul doute, celui de l'Entreprise des corps gras, Encg, dont le marché représentait pas moins de 2000 milliards de centimes et 20 millions de dollars. L'annonce de la déchéance programmée de cette entreprise a commencé par l'incendie qui a ravagé l'une de ses plus importantes filiales à Béjaïa. La seule tentative de sauvetage a été celle du partenariat avec un Saoudien, ce qui a été avorté par un matraquage médiatique sans précédent contre ce partenaire dont le seul tort était d'être Saoudien. Même l'étude relative à ce projet avait été faite de sorte que le projet soit contestable et contesté. Idem pour l'entreprise de production du lait, Giplait, la déchéance de cette entreprise, aussi stratégique que l'Encg et l'Enasucre, a été moins visible et bien plus subtile. Au lieu d'ouvrir le marché à la production du lait, c'est l'inverse qui s'est produit, le marché n'a été ouvert qu'à l'importation de matière première. Un résultat qui n'a pas été sans conséquences sur la société, livrée aux caprices d'une poignée d'importateurs. L'Enasucre partage le même constat, mais ses cadres intègres avaient longtemps lancé des critiques contre les banques qui n'ont pas joué le jeu. Souvent les crédits d'importation de sucre ne sont octroyés que lorsque le marché a été inondé par la concurrence. Pendant toute cette longue descente où tout le monde voyait venir le fond du puits, aucune réaction n'a été enregistrée de part et d'autre, laissant les travailleurs dans un flou total. Les spécialistes, qui annoncent un bras de fer qui ne se passera pas sans dégât, se sont tous mis d'accord pour dire que la décision du gouvernement est un peu tardive.