La construction maghrébine est de nouveau à l'ordre du jour, avec pour objectif premier la tenue d'un sommet des chefs d'Etat. Le Conseil des ministres des Affaires étrangères des cinq pays de l'UMA se réunira demain à Alger. Il sera précédé et donc préparé par la réunion aujourd'hui des experts du comité de suivi au niveau des ministres délégués en charge des Affaires maghrébines des pays de l'Union. Les observateurs du dossier de l'intégration maghrébine continuent de s'interroger, cependant, sur les éléments nouveaux qui ont permis la décrispation du climat au sein du regroupement nord-africain, vu qu'il n'y a pas six mois le sommet prévu des chefs d'Etat de l'UMA avait achoppé et fut tout simplement annulé sine et die. Ce qui fait que des spéculations dans les milieux de la presse ont vite fait de lier cette réactivation des structures maghrébines aux toutes récentes tournées dans les pays de la région du sous-secrétaire d'Etat américain chargé du Proche-Orient, M.William Burns et du chef de la diplomatie française, M.Dominique de Villepin. Certaines sources journalistiques sont même allées jusqu'à évoquer un possible rôle de médiation joué par le président français, M.Jacques Chirac, lors d'une visite éclair effectuée durant le ramadan dernier, afin de réchauffer les rapports entre Alger et Rabat et rapprocher les points de vue du souverain marocain Mohammed VI et du Président Abdelaziz Bouteflika. Vrai ou faux? difficile de trancher. Ce qui est sûr en revanche, c'est qu'en dépit du fait que l'UMA n'a pas tenu de sommet de ses chefs d'Etat depuis 1994 (8 ans déjà) et le gel quasi effectif pendant des années des activités des institutions maghrébines, ces dernières sont revenues ces derniers temps au rythme normal et ordinaire de leurs réunions périodiques dans divers domaines (santé, transports, etc.) Résultat, aujourd'hui il semble que toutes les parties y mettent du leur pour poursuivre cette construction maghrébine que les peuples de ces pays attendent depuis des décennies, cela d'autant, qu'en cette ère de vastes regroupements régionaux dans le monde notamment celle la plus proche de la région, l'UE, le Grand Maghreb devient plus qu'une nécessité pour tous les pays du regroupement. En tout cas, tout le monde insiste en ce début d'année 2003 sur l'urgence de revenir à l'évolution normale et régulière de l'UMA. Ainsi, côté algérien, dans une déclaration à l'APS, M.Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, a affirmé que la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UMA demain à Alger «abordera des questions importantes», soulignant que cela vise à réadapter l'Union aux mutations qu'ont connues les pays maghrébins. Son homologue marocain, M.Taieb Fassi Fihri, a indiqué lui, que son pays participera à cette réunion d'Alger avec l'objectif de redynamiser l'Union, ajoutant qu'il s'agit de mettre en oeuvre les décisions prises par les pays maghrébins et de travailler dans un climat de clarté. Quant au chef de la diplomatie tunisienne, M.Habib Benyahia, il a annoncé pour sa part la semaine dernière que la tenue d'un sommet de l'UMA sera au menu de la réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères, souhaitant que celle-ci puisse «arrêter la date du sommet». Enfin, hier dans un message de voeux radiotélévisé le président tunisien, M.Zine El Abidine Ben Ali, a souhaité que l'année 2003 marque une reprise du processus de l'UMA et a émis l'espoir que cette dernière «puisse surmonter les difficultés conjoncturelles qu'elle rencontre et reprendre sa marche pour achever son édification». Sera-t-il entendu par ses pairs du regroupement maghrébin?