L'Année de l'Algérie en France a enfin pris son envol avant-hier sous les applaudissements d'une foule nombreuse, venue célébrer l'événement à Bercy. Ce n'est pas sans peine que les organisateurs ont pu mener le bateau jusqu'au quai de départ. En effet, depuis l'annonce de la tenue de cette manifestation, première du genre, des officines politiques outre-Méditerranée n'ont eu de cesse de torpiller l'initiative d'une manière ou d'une autre. Parmi les attaques ciblées, destinées essentiellement à ternir l'image de l'Algérie auprès de l'opinion française, de sorte que l'année 2003 perde, d'entrée, tout attrait auprès du public, l'on citera la sortie médiatique du député vert Noël Mamere qui s'en est pris au groupe Khalifa. Cette attaque, loin d'être innocente, a été enclenchée la semaine de l'entrée en service de la première chaîne de télévision algérienne privée. Cette dernière se voulait un support supplémentaire à l'événement phare de l'année qui s'annonce. L'objectif du député vert, pour qui l'Algérie est composée d'un peuple d'indigènes gouvernés par des généraux sans foi ni loi, était de semer le doute. A ce niveau de l'intrigue politicienne, Mamère a réussi son coup. Car malgré la fin de non-recevoir qui lui a été signifiée par l'Assemblée nationale française et le CSA, il n'en demeure pas moins qu'il a donné de l'eau au moulin des relais médiatiques. Ces derniers ont orchestré une campagne anti-algérienne d'une rare violence, où tout est passé. De l'épisode du détournement de l'Airbus d'Air-France en 1994, jusqu'à l'assassinat des moines de Tibehirine, en passant par les attentats contre le RER à Paris en 1995. Le but de ces «rappels historiques» est d'attirer l'attention des Français sur le fait que «l'Algérie était un pays suspect et pas du tout fréquentable». C'est, en tout cas, ce qui est dit en filigrane dans les reportages et autres documentaires diffusés sur des chaînes, connus pour leur position antialgérienne. A ce niveau aussi, la recherche de la vérité n'a pas été une priorité. Preuve en est que les «investigations» des reporters péchaient par une approximation qui leur enlève tout caractère professionnel. Mais le but final n'est pas tant d'informer, mais de jeter le doute dans les esprits. Au point qu'on désespère de l'initiative pour être réduite au stade de non-événement. La machine politico-médiatique a donc battu un travail de titans et le reste est encore à venir. Face à cette déferlante médiatique sans précédent, les officiels des deux pays ont maintenu le cap. A compter d'avant-hier, les deux camps vont s'affronter sur le terrain de la culture. Les promoteurs de l'Année de l'Algérie en France devront donc redoubler d'effort pour faire de cet événement un succès et, partant, prendre de vitesse le clan français antialgérien qui dispose tout de même d'une force de frappe très importante.