Le bras de fer annoncé est rendu inéluctable par les formidables enjeux que charrie l'année 2003. Les délégués détenus du mouvement des ârchs, qui observent une grève de la faim à la prison de Tizi Ouzou depuis plus d'un mois, auraient été approchés par des émissaires du pouvoir afin de les amener à jouer un rôle dans l'après-printemps noir, apprend-on de source proche du mouvement. A en croire notre source, la crise en Kabylie qui entame son 21e mois, semble donc négocier un virage redoutable et machiavélique et les délégués grévistes de la faim en sont vraisemblablement la clé de voûte. Le mouvement citoyen né des événements d'avril 2001, est devenu, ainsi, l'objet de toutes les convoitises, et ce, au fur et à mesure que l'échéance de la présidentielle de 2004 approche. Le bras de fer annoncé est rendu inéluctable par les formidables enjeux que charrie l'année 2003. Dans cette optique, on parle aujourd'hui de l'organisation d'une conférence nationale du mouvement. Paradoxalement, l'idée même de la structuration du mouvement de protestation était balayée par les animateurs des ârchs, dès ces premiers balbutiements. La question est même remise au goût du jour dans tous les conclaves des ârchs? La question a certes des adeptes et des ennemis au sein de ce mouvement, mais dans ce jeu malsain où les alliances se font et se défont par la grâce de la surenchère politicienne, l'idée, qui consiste à fédérer les différentes représentations des mouvements de protestation, enregistrées depuis le printemps 2001 à ce jour, pour en faire un tremplin politique et un réservoir de voix, fait son chemin. Consciente de la toile d'araignée qui se tisse à travers une volonté délibérée de ne pas laisser le brasier s'éteindre, l'institution, qui en est la principale cible, multiplie les actions afin de ne pas être en reste. Elle persiste à renier aux délégués emprisonnés du mouvement le statut de détenus politiques. Elle serait sans doute derrière l'annulation du déplacement prévu à Béjaïa par le chef de l'exécutif pour y inaugurer la maison de la Culture au nom du chanteur Matoub Lounès. Toutefois, elle ne peut pas continuer à user d'un remède de cheval pour régler la question. La révision de la Constitution pourrait être l'échappatoire visée par cette attitude de marbre observée à l'égard du mouvement depuis le 12 mars 2002. En attendant, tous les paris sont ouverts et le bras de fer ne semble que commencer.