La francophonie a un “grand rôle” à jouer dans la crise financière et alimentaire en attirant l'attention sur les pays pauvres et en défendant les changements nécessaires au système économique mondial, ont affirmé des dirigeants à l'ouverture du sommet de Québec. Le XIIe sommet de la francophonie s'est ouvert pour deux jours vendredi à Québec en présence d'une trentaine de chefs d'Etat et de gouvernements membres de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), dont de nombreux pays africains. La francophonie “a un grand rôle à jouer, aussi dans la crise financière internationale qui nous interpelle tous et toutes”, a déclaré le Premier ministre canadien Stephen Harper, co-hôte du sommet avec son homologue québécois Jean Charest. “On doit tous être conscients de l'impact de cette crise sur les pays en voie de développement”, a affirmé M. Harper devant quelque 2 000 délégués de la francophonie. Le monde, confronté à la plus grave crise économique et financière depuis la crise des années 1930, “doit changer. La francophonie doit porter la nécessité du changement du monde”, a lancé le président français Nicolas Sarkozy qui va défendre samedi auprès des Etats-Unis une refonte totale du système financier mondial. Affirmant qu'il fallait “bousculer les habitudes”, il a plaidé notamment pour l'entrée d'un pays africain ou sud-américain comme membre permanent du Conseil de sécurité de l'Onu qui pour l'heure en compte cinq (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Chine). “La crise est une opportunité de réfléchir différemment à la croissance”, a également affirmé M. Sarkozy, qui assure la présidente tournante de l'Union européenne, citant “la croissance durable, la croissance verte, le développement d'une agriculture vivrière partout dans le monde”. Le secrétaire général de la francophonie, Abdou Diouf, a lui aussi affirmé que la communauté francophone ne pouvait pas être “spectatrice” des crises financières et alimentaires, car ce sont “les plus défavorisés, comme toujours, qui paieront le plus lourd tribut”. En ce sens, Ban Ki-moon, l'un des premiers secrétaires généraux de l'Onu à assister à un sommet de la francophonie, a exhorté vendredi les pays donateurs à ne pas réduire leur aide internationale en raison de la crise financière. Car cette tourmente ne doit pas faire oublier “la crise moins spectaculaire, mais infiniment plus grave” de la faim dans le monde, a mis en garde le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, également présent, appelant les pays riches à tenir leurs engagements d'aide au développement, comme l'a fait l'UE. “Près d'un milliard de personnes souffrent de la faim aux quatre coins de la planète. La flambée des prix alimentaires et énergétiques en 2008 a fait augmenter leur nombre de 75 millions de personnes par rapport à 2005”, a-t-il souligné. “Comment pourrions-nous justifier un jour d'avoir mobilisé tant de moyens et de volonté politique pour imaginer des solutions à la crise financière et de n'avoir rien tenté face à l'injustice de la faim ?” a-t-il interrogé ? Pour M. Sarkozy comme d'autres dirigeants qui ont pris la parole, la francophonie doit se vivre “comme un engagement politique. Nous ne voulons pas d'un monde aplati. Nous ne voulons pas d'un monde uniforme. Nous voulons la diversité”, a-t-il affirmé. Un sentiment partagé par le Premier ministre Jean Charest qui s'est livré à un plaidoyer pour la langue française et une francophonie plus politique. “Je vous invite à voir dans l'histoire du Québec une invitation quant à la manière de promouvoir cette langue que nous avons en partage. C'est une bataille qu'il faut mener. Et cette bataille est par définition un combat politique”, a-t-il dit. R. I./Agences