Les interventions des uns et des autres ont le mérite de montrer que l'Algérie “ne vit pas sur une île isolée du monde”, et de démentir les assurances du ministre des Finances qui a exclu la perspective de retombées néfastes sur les finances du pays. Les partis de l'Alliance présidentielle divergent dans leur approche de la crise financière mondiale, y compris dans le timing de leurs réactions. Premier à se prononcer sur la question, Abdelkrim Harchaoui. Intervenant certes ès qualités, il n'en demeure pas moins qu'il a été un jour ministre des Finances sous les couleurs du RND dont il est membre de la direction. Dès le début — il s'y est pris sur sollicitation de la presse —, le député RND a émis des réserves sur l'optimisme des responsables algériens et exprimé ses craintes de la contagion et des risques d'un effondrement rapide des réserves nationales, recettes générées exclusivement par l'exportation des hydrocarbures. Il aura fallu un mois pour voir “bouger” le MSP. Le parti de Soltani a organisé une conférence sur le thème et invita les spécialistes dont un professeur exerçant aux Etats-Unis. Evidemment, pour le patron du MSP, la faute incombe aux Américains, à leur idéologie et à la doctrine “Adam Smith”. Tout passera, l'échec de la lutte contre le terrorisme, les invasions, la guerre froide… et si aucune mesure n'est prise, l'Algérie sera touchée de plein fouet. Quelle parade alors ? Il n'existe, pour le chef du parti islamiste, qu'une alternative : l'économie islamique. Hormis les banques qui prêtent sans intérêt, aucune autre précision sur cette doctrine aux contours flous dans le propos de M. Soltani. On aura au bout du compte compris que la question est purement idéologique et, que par le biais du choix qu'il préconise, l'Algérie sera prémunie. Le lendemain, c'est le patron du FLN qui a présidé aux destinées du gouvernement pendant deux ans, sans sentir venir le séisme comme le prouvent ses dépenses “populistes”, qui résume la thématique à une suggestion d'une naïveté déconcertante. “Nous voulons comprendre”, a annoncé d'emblée M. Belkhadem à l'ouverture, jeudi dernier, du forum sur la crise financière. Mais les interventions dans le débat ont surtout permis de montrer que l'Algérie “ne vit pas sur une île isolée du monde”, et de démentir les assurances du ministre des Finances qui a exclu la perspective de retombées néfastes sur les finances du pays. Le vice-gouverneur d'Algérie, l'universitaire Mahmoudi ou alors, encore lui, M. Harchaoui se sont relayés pour mettre en garde contre les prétendues garanties d'être épargnés par la crise dont les effets se feront ressentir, selon eux, bien plus tard. Si les causes de la préservation de l'Algérie et de nombre de pays émergents par la crise sont connues, les solutions préconisées versent dans le “tout Etat” et le renforcement des mécanismes de contrôle et de régulation. La stabilisation du marché national et les garanties du contrôle en l'absence de marché spéculatif peuvent être des facteurs attractifs pour les investissements étrangers, a plaidé M. Harchaoui qui met en garde, néanmoins, contre les effets de la récession. Le FLN s'est juste proposé d'être une “tribune libre” pour les analyses et les propositions de solutions. Car, a estimé M. Belkhadem, il s'agit d'un problème d'Etat qui interpelle tous les responsables et les experts. Hormis le fait que le FLN ait visé large pour aborder la question et pris acte des avis des autres, notamment celui du RND représenté par M. Harchaoui, ayant convergé vers des solutions pratiques, loin des “querelles idéologiques”, le MSP a prôné l'alternative de l'économie islamique qui reste à définir. À ce niveau de divergence, on est loin de la proposition de Mohamed Lakhdar Badredine, député FLN et ancien patron de la Fédération des pétroliers, de créer une commission permanente pour suivre la situation “parce que cette crise est dangereuse”. Djilali B.