Laleh iftekhari est une élue au madjlis choura islamique iranien (Parlement) sur la liste partisane à l'actuel président de la République Ahmadinejad. Elle est titulaire d'un doctorat en charia et Coran. Agée de 48 ans, elle annonce, avec une certaine fierté, qu'elle est épouse et fille de chouhada de la guerre de huit ans contre l'Irak. Liberté : Pouvez-vous nous parler de la représentativité des femmes au Parlement et d'une manière plus large, dans les institutions de la République islamique d'Iran ? Laleh iftekhari : Actuellement, il y a huit députées sur un total de 290. Elles appartiennent toutes au courant conservateur. Lors des mandats précédents, le Parlement comptait des élus de différents courants. Je vous fais savoir qu'aux élections législatives iraniennes, il n'y avait pas de quotas réservés aux femmes. Les membres du Parlement peuvent être tous des femmes ou des hommes. Le choix revient au peuple. Les élues au Parlement jouissent de toutes les prérogatives au même titre que leurs collègues hommes. Quelle est la situation des droits des femmes en Iran ? ll Depuis la révolution de 1979 contre le shah, nous avons une vision islamique des droits, fonctions et responsabilités des femmes et des hommes. Nous sommes contre l'égalité entre les hommes et les femmes. Sinon la société ne fonctionnera pas. C'est comme les doigts de la main. S'ils étaient tous de la même longueur, elle ne fonctionnera pas. Nous soutenons toutefois le principe de justice. Quels sont les droits auxquels les femmes iraniennes n'accèdent pas ? Une ou deux responsabilités dévolues exclusivement aux hommes, telles que le titre de guide de la révolution. A contrario, les femmes ont certains avantages dont les hommes ne bénéficient pas. Je cite une réduction des heures de travail et des années cumulées pour la retraite ; des heures d'allaitement et congé de maternité et une allocation pour les femmes au foyer. Il faut préciser, néanmoins que les salaires sont égaux pour des responsabilités et fonctions équivalentes. Le Prophète a insisté sur le fait qu'“il n'y a pas de contrainte dans la religion”. Pourtant les Iraniennes sont obligées de porter le voile et de se conformer aux règles de la charia par force de loi. Est-ce juste ? La République islamique a des lois comme tous les autres Etats non islamiques. Nous avons aussi une Constitution islamique votée par le peuple. Les conditions de vie du peuple et de l'Etat et le respect de l'opinion publique sont des revendications populaires. Nous reconnaissons, toutefois, qu'il est nécessaire d'opérer un grand travail de sensibilisation auprès des jeunes sur le respect des préceptes de la religion. Il faut dire que les droits des femmes se sont améliorés avec l'avènement de la révolution. Elles ont investi les domaines scientifique, économique, éducatif, social et même celui des nouvelles technologies. Nous avons une femme qui remplit simultanément la fonction de vice-présidente de la République et présidente de l'organisation de préservation de l'environnement ; une autre a le titre de conseillère du chef de l'Etat ; une femme recteur d'université et une autre directrice d'un hôpital. Elles sont aussi aux commandements des centres de recherches en matière de défense et de sécurité nationales. Plus de 60% des étudiants sont de sexe féminin. Selon vous, y aura-t-il recul dans l'application de la charia si les réformateurs accèdent au pouvoir à l'issue de l'élection présidentielle de 2009 ? Quel que soit celui qui sera élu à la présidence de la République, il devra agir dans le cadre de la Constitution islamique d'Iran. Il faut croire que les femmes et filles des anciens présidents et responsables politiques portaient toutes le hidjab de manière rigoureuse. Je vous confie que même celles qui ne portent pas le voile correctement votent pour les candidats du courant conservateur. J'ai été élue parmi 4 000 candidats, pour deux mandats au Parlement, grâce à ces voix-là. S. H.