Les deux parties campent sur leurs positions. Le président de l'APC, qui a traînée la jeune ingénieur devant les tribunaux, se dit victime d'un outrage alors que pour les défenseurs des droits de l'homme, il s'agit de harcèlement contre une femme. Le tribunal de N'gaous, relevant de la cour de Batna, lors d'une audience à la fin de la semaine passée, a renvoyé pour le mois prochain l'affaire qui oppose le président de l'APC de Lemcen, daïra de Ouled Si Slimane, wilaya de Batna, à l'une de ses fonctionnaires, Mlle S. D. Une décision prise à la demande de l'avocat de la partie civile, le P/APC, “le temps que les témoins qu'il compte présenter reçoivent leurs convocations”. Pour rappel, l'affaire remonte au mois de mars dernier, lorsque Mlle S. D., ingénieur en génie civil et cadre technique chargé du suivie des projets de développement local au niveau de la commune de Lemcen, se plaint des agissements déplacés du président de l'APC. Cette femme, universitaire et cadre, se dit malmenée, brutalisée et agressée physiquement sur son lieu de travail par le P/APC de cette commune. Ce dernier nie tout ce qui est rapporté par la fonctionnaire et l'accuse, à son tour, de l'insulter et de lui manquer de respect. C'est dans ce sens qu'il se plaindra d'elle auprès de la direction de l'administration locale pour irresponsabilité et négligence. Une requête prise en considération par la tutelle et Mlle S. D. sera suspendue de ses fonctions à titre conservatoire pour deux mois durant lesquels elle sera privée de son salaire. Après consommation de la suspension, fin mai, elle sera présentée devant un conseil de discipline qui décidera de son transfert vers une autre commune, celle de Hidoussa. Ne s'arrêtant pas là, le P/APC poursuivra son ex-employée en justice pour outrage et violence à fonctionnaire. Elle risque dans ce cas, selon le code pénal, une peine d'emprisonnement de deux mois à deux ans, assortie d'une amende. L'association SOS femmes, bureau de Batna crie au harcèlement contre une femme dans l'exercice de ses fonctions. Elle vient de saisir la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADH) dont le vice-président, Maître Ben Saïd Mokhtar, s'est constitué en faveur de l'accusée dans le souci de “défendre les droits de la femme travailleuse”, selon ses propos. Pour l'association SOS femmes, qui prend à témoin l'opinion publique nationale, “la présumée accusée est victime d'une injustice sociale, juste parce qu'elle est une femme et toute les accusations qui lui sont portées sont infondées”. F. LAMIA