Elle s'approvisionne principalement auprès de la France pour satisfaire la demande nationale en blé tendre. Entre juin et septembre derniers, l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a acheté près de 2 millions de tonnes (MT) de blé tendre. Plus de 80% de ces importations proviennent de France. La même tendance a été déjà constatée pour la campagne 2007-2008 durant laquelle la France a livré à l'Algérie plus de 1,25 MT de blé tendre et 400 000 tonnes de blé dur. Ce sont quelques statistiques avancées par un représentant du Syndicat français du commerce extérieur des céréales (Synacomex), au cours des rencontres 2008 franco-algériennes des céréales organisées hier à Alger par France Export Céréales. Pour cet intervenant, l'Algérie produit 1,5 MT de blés (tendre et dur). Mais notre pays importe aussi pour 6 MT, dont 4,5 MT de blé tendre et 1,5 MT de blé dur. Durant la campagne 2007-2008, plus de 80% des importations algériennes ont pour origine plusieurs pays, dont le Canada. Pour la saison 2008-2009, les prévisions des Français indiquent que plus de 50% des besoins d'importation d'Algérie en blé tendre proviendront de l'Hexagone. Par ailleurs, plus de 50% des exportations françaises en blé dur sont absorbés par notre pays. Celui-ci consacre également une partie de ses importations au maïs avec un volume de 2,28 MT. Les dirigeants de France Export Céréales sont largement revenus sur les difficultés marquées par les prix exorbitants qui ont caractérisé le marché mondial en 2007. La tendance est, semble-t-il, renversée pour l'année actuelle, où la récolte a atteint un record. En France, la production a été estimée à 37 MT de blé tendre, soit une hausse de plus de 20% par rapport à 2007. Ils qualifient 2008 d'année record en production, mais pas du point de vue rendement. La flambée des prix à l'international a engendré une augmentation des surfaces de plus de 5% et d'un rendement de 74 quintaux/hectare. Il est reconnu que la hausse des cours se veut toujours un stimulant pour la production. Dans le cas contraire, les agriculteurs sont démobilisés. Conséquence : les surfaces réservées à la céréaliculture seront réduites et le rendement baissera. Les responsables français ont précisé que 90% de la production sont des blés planifiables et améliorants. Durant la campagne 2008-2009, la production mondiale serait de 676 MT, tandis que la consommation dans le monde sera de l'ordre de 646 MT. C'est pour la première fois, relève Jean-Philippe Everling, du Synacomex, que la production dépasse le taux de consommation dans le monde. Il affirmera que les stocks mondiaux ont baissé pour atteindre 150 MT en 2008, mais la production pour 2008-2009 accroîtra de 67 MT. M. Everling souligne que le Maghreb et l'Egypte, à eux seuls, consomment 15% du marché mondial, soit 15% des échanges commerciaux dans le monde. Abordant les prix du blé, l'intervenant a précisé qu'ils ont connu une baisse de moitié, soit de 300 euros à 150 euros la tonne. Cela est dû essentiellement, selon lui, à la parité du dollar par rapport à l'euro. Le billet s'est, en effet, apprécié ces derniers mois par rapport à la monnaie européenne. L'autre facteur a trait au marché du fret qui, lui aussi, a enregistré une chute. Des bateaux loués il y a six mois à 150 000 dollars la tonne sont actuellement proposé à 8 000 dollars la tonne, soit une baisse de presque la moitié. Néanmoins, un état actuel des stocks mondiaux évalué à 150 MT, conjugué à une faible récolte pour 2009, provoquera, prévient M. Everling, une flambée inexorable des prix sur le marché international. Reste à savoir aussi l'impact de la crise financière, dont les effets sont particulièrement une baisse de plus de 30% du marché américain des céréales en un mois. Badreddine KHRIS