C'est devenu une tradition : les principaux fournisseurs de l'Algérie en céréales organisent, une fois l'an, une rencontre d'explications sur les caractéristiques de leurs récoltes afin de faire la promotion de leur produit. France Export céréales, groupement des céréaliers de l'Hexagone, organisera demain à Alger comme chaque année “les rencontres 2007 franco-algériennes des céréales” en vue de présenter aux clients algériens, et à leur tête l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), les caractéristiques de la récolte de céréales pour la campagne 2007. La réunion, qui se tiendra à l'hôtel Hilton d'Alger, en présence de 250 participants, est placée sous le parrainage de l'ambassadeur de France à Alger, M. Bernard Bajolet, selon cette association française de promotion des céréales françaises. Pour cette dernière, la réunion de cette année sera l'occasion “de mettre en valeur la récolte française 2007 qui, avec 31,5 millions de tonnes de blés moissonnés, et malgré quelques aléas climatiques au cours du cycle de production, devrait satisfaire les besoins de ses clients à l'exportation”. France Export céréales annonce également qu'au cours de la campagne 2006-2007, la France a livré à l'Algérie plus de 85% de ses besoins en blé tendre principalement (2,6 millions de tonnes de blé tendre et 650 000 tonnes de blé dur). La FEC fait remarquer que pour cette campagne, le marché mondial se trouve perturbé par les niveaux des prix jamais atteints auparavant. En effet, en une année, le prix de la tonne de blé tendre est passé du simple au double, soit de 250 à 500 dollars. Le fournisseur français note, par ailleurs, que le fournisseur principal algérien, en l'occurrence l'OAIC, a acheté en début de campagne (entre juin et septembre 2007) “de quoi approvisionner le pays pour l'ensemble de l'année”. La France devrait, dans ce contexte, ajoute la même source, ne livrer qu'environ 15% des besoins de l'Algérie en blé tendre au cours de la présente campagne. Cette baisse s'explique, selon la FEC, essentiellement par la “non-disponibilité et la cherté du blé français en début de campagne”. Cependant, ce que ne disent pas les fournisseurs français, c'est que cette hausse des prix du blé produit en Europe occidentale, de manière générale, est la conséquence directe d'une réduction drastique des productions en Russie et en Ukraine, deux poids lourds de l'exportation mondiale, affectés par un temps trop sec. Ainsi, les clients traditionnels de ces deux pays se sont retrouvés contraints de se tourner vers les marchés de l'Europe occidentale. Les vendeurs français ont donc profité de ce problème de disponibilité sur le marché international pour renchérir sur leur propre produit. Mais, cela ne les empêche pas d'aller vers les clients potentiels pour maintenir les ponts du partenariat et garder ces “bonnes” relations en prévision des prochaines récoltes, car d'autres producteurs peuvent toujours pointer le bout de leur nez, tant le marché algérien des céréales demeure des plus intéressants sur le plan des échanges. C'est, d'ailleurs, devenu une tradition que les principaux fournisseurs de l'Algérie en céréales organisent une fois l'an une rencontre d'explications sur les caractéristiques de leurs récoltes afin de faire la promotion de leur produit et tenter de convaincre les acheteurs nationaux de s'approvisionner chez eux. L'Algérie en tant que l'un des principaux pays consommateurs de céréales dans le monde est donc naturellement courtisée par les pays producteurs à la recherche de clients potentiels. Si pour le blé tendre, la France demeure le premier fournisseur du marché algérien, pour le blé dur ce sont les Canadiens qui sont en pole position. À l'instar des Canadiens, les Français ont engagé un partenariat visant à fournir une aide dans le domaine de la formation au profit des cadres et techniciens algériens du secteur. C'est une sorte d'effort consenti pour sauvegarder des rapports plus ou moins privilégiés avec le partenaire acheteur. Ainsi, la FEC organise, par ailleurs, des sessions de formation en meunerie au profit des minotiers algériens. Cet intérêt rentre, apparemment, dans le cadre de la stratégie des exportateurs français qui accorde une importance au marché maghrébin en général. Selon les statistiques de la FEC, le Maghreb consomme chaque année plus de 10 millions de tonnes de blé tendre dont plus de 50% sont achetés sur le marché mondial. Sur les trois pays du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie), l'association française constate que les besoins qualitatifs des blés utilisés dans cette région sont très similaires à ceux exigés par les transformateurs français. À noter que le bureau régional de la FEC pour le Maghreb se trouve à Casablanca. H. Saïdani