Le premier rendez-vous des 43 pays membres de l'Union pour la Méditerranée (les 27 de l'UE et 16 de la rive sud de la Méditerranée), qui intervient quatre mois après le sommet fondateur qui s'est déroulé le 13 juillet dernier à Paris, aura bel et bien lieu dans la ville phocéenne. Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, lors d'un point de presse récemment organisé, a tenu à rassurer les membres de l'UPM. “Elle est prévue. Il n'y a aucune raison de penser qu'elle ne se tiendra pas”, dira-t-il comme pour éviter d'alimenter la polémique née au lendemain de l'annonce de Tel-Aviv d'opposer son veto contre la participation de la Ligue arabe à la réunion des ministres des Affaires étrangères des 43 pays de l'UPM prévue les 3 et 4 novembre prochain à Marseille. Un couac, parmi tant d'autres, qui a suscité une vive réaction de la Ligue arabe qui veut exercer son forcing aux réunions prévues dans le cadre de l'UPM pour faire valoir “son poids et son rôle central dans les efforts pour la sécurité et la stabilité dans la région de la Méditerranée”. Il faut dire que le statut de la Ligue arabe au sein de l'UPM est l'un des problèmes qui devra aussi se poser, sachant qu'Israël et certains pays européens refusent à la Ligue la qualité d'observateur aux réunions sectorielles et techniques et celles des commissions relevant de l'UPM, tout en acceptant sa participation aux réunions ministérielles et au sommet prévus tous les deux ans. À l'ordre du jour de cette réunion, certains points qui entravent encore le lancement de l'UPM, notamment ceux liés à la présidence pour la partie européenne et le choix du siège du secrétariat général. Sur ce point précis, Kouchner révélera que beaucoup de pays se sont porté candidats. Autrement dit, les thèses émises le 13 juillet dernier à Paris n'étaient que pures spéculations, notamment celle relative à la seule candidature du Maroc de vouloir s'imposer en qualité de partenaire privilégié de l'Elysée. “Il y a plusieurs sujets en discussion, notamment le siège du secrétariat, les formats de réunion, les modalités de gouvernance, la nature des projets (…). Nous commençons à y voir plus clair sur qui est réellement candidat et quel équilibre nous pouvons trouver pour se mettre d'accord. C'est un paquet global mais un accord sur un des sujets amène à débloquer les autres”, a encore déclaré Kouchner pour défendre le projet cher à Nicolas Sarkozy. Sur un autre chapitre, la première réunion ministérielle de l'UPM prévue de longue date sur les rives de la mer Morte pour avancer sur la question cruciale de l'eau vient d'être reportée. Un report qui montre les grandes difficultés de la nouvelle organisation à entrer dans le vif du sujet. Même si cet ajournement de dernière minute est également lié aux tensions israélo-arabes, il n'en demeure pas moins que cette réunion coïncide avec la crise financière mondiale, et, par ricochet, aux difficultés de financer des mégaprojets, comme ceux liés à l'eau. Pourtant, Kouchner s'est voulu rassurant en déclarant que “la plupart des projets font l'objet d'un partenariat public-privé et ont pour vocation de créer de la richesse, de créer de l'activité économique. Nous espérons que nous continuerons à trouver les capacités d'investissement de ces projets parce qu'ils ont une vocation productive. Ce ne sont pas des programmes d'assistance”. Une manière comme une autre de dire que la crise financière n'influe guère sur le financement des projets. Pour le ministre français de l'Ecologie Jean-Louis Borloo, qui se veut également confiant, l'UPM doit d'abord régler les questions d'organisation et de gouvernance avant de passer à la phase opérationnelle. Reste à savoir si la mise en place du secrétariat de l'UPM sera un facteur suffisant pour surmonter tous les blocages et si cette organisation sera en mesure de passer à l'action et de s'impliquer dans des projets. F. B.