Une base militaire américaine à l'ouest et une base navale russe à l'est, l'Algérie se retrouve entre le marteau et l'enclume. Le président russe Dmitri Medvedev a déroulé le tapis rouge hier au Kremlin au «Guide de la révolution» libyenne à l'occasion de la visite qu'effectue Mouamar El Gueddafi à Moscou. Normal, Mouamar El Gueddafi lui propose, ni plus ni moins que d'installer une base navale à Benghazi. En offrant d'accueillir cette base navale sur son sol, le leader libyen, selon certaines sources diplomatiques, tente de se prémunir contre une éventuelle agression américaine. Néanmoins, Iouri Savenko, vice-président du Comité de la défense de la Douma (chambre basse du Parlement russe), a tenté de minimiser la portée de la visite de Mouamar El Gueddafi à Moscou en affirmant que «pour la Russie, la coopération militaire et technique avec la Libye est traditionnelle. Actuellement, les forces armées libyennes sont équipées à 90% par du matériel produit en URSS. Assurément, cette technique doit être modernisée et renouvelée. Il est donc logique que Mouamar El Gueddafi soit arrivé à Moscou justement pour se procurer des armements». Une option loin de plaire aux Américains, a poursuivi le député. Aussi, «le souhait de la Libye d'héberger une base militaire navale russe dans le port de Benghazi doit être examiné uniquement dans ce contexte», affirme le député, se voulant rassurant. «Apparemment, selon le dessein du leader libyen, notre présence militaire sera le garant de la non-agression de la Libye par les Etats-Unis, ce qui démontre la montée de l'influence russe dans la politique internationale», justifie M.Savenko. Une base militaire américaine à l'ouest et une base navale russe à l'est, l'Algérie se retrouve entre le marteau et l'enclume. La guerre des étoiles risque de se jouer dans le ciel algérien. En effet, le Maroc ne cache plus ses velléités d'accorder aux Américains l'implantation, après la base déjà existante de Kenitra, d'une autre base militaire dans la région de Tan Tan (sud-ouest) qui ne relève nullement d'une intention d'abriter la base de l'Africom (Commandement régional américain pour l'Afrique), dont la mission principale est de combattre le terrorisme d'Al Qaîda en Afrique, mais plutôt d'un redéploiement des GI's destinés à protéger les ressources énergétiques inestimables que recèle le continent, notamment le pétrole. Pour les observateurs, c'est une façon d'amadouer l'administration américaine quant à son soutien au projet marocain d'autonomie du Sahara occidental. En outre, le Maroc, au même titre que la Libye, veut anticiper les besoins du Pentagone de redéployer ses forces armées dans la perspective du retour de la guerre froide. Une guerre froide que le récent conflit russo-géorgien a ravivé. Même si le président russe, Dmitri Medvedev, a récemment exclu «tout retour à la guerre froide» en dépit du bras de fer entre Moscou et Washington. «Je suis persuadé qu'aucun ´´nouveau Fulton´´, à savoir aucune nouvelle édition de la guerre froide, ne nous menace actuellement, bien que cette idée se trouve profondément ancrée dans la conscience de certains responsables politiques», a-t-il affirmé. Aussi, l'implantation, aujourd'hui, d'une base navale russe à Benghazi ne fera que monter la tension d'un cran dans une région déjà en ébullition.