Dans son édition de mercredi dernier, Liberté s'est interrogé s'il fallait s'attendre à des changements dans les relations américano-algériennes avec l'un et l'autre des candidats à la succession de George Bush. La réponse est Hadj Moussa, Moussa Hadj. En fait, c'est la même chose pour les relations de l'Amérique postbushienne avec le reste du monde. Obama et McCain font tout leur possible pour se distancier d'un impopulaire président en exercice et se différencier l'un de l'autre dans la dernière ligne droite avant que les Américains ne se rendent aux urnes, le 4 novembre. Mais, à regarder de près, les différences de politique étrangère entre les deux candidats ne sont pas si évidentes qu'ils ne le racontent. Leurs désaccords ne sont pas aussi prononcés qu'ils en ont l'air, car il ne faut pas oublier que les Etats-Unis ne sont pas une république bananière, même si Bush en a donné quelques caricatures. Les réalités et contraintes auxquelles sera soumis le prochain locataire de la Maison-Blanche vont limiter le champ d'action de l'un comme de l'autre une fois élu. Voyons le cas de l'Irak, principal sujet de division, en apparence, chez les deux candidats mais qui fait débat aux Etats-Unis depuis 5 années. Obama n'a eu cesse de clamer que la décision d'envahir l'Irak était erronée, son rival républicain insiste lui sur le fait que les événements ont changé d'orientation depuis début 2007, quand le nombre de soldats américains a augmenté. Pour McCain, la stratégie corrigée est en bonne voie. Pour l'avenir, il y a comme une feuille de route. Peu importe qui va gagner aux élections, et les analystes sont formels : “L'Irak ne dominera pas la politique étrangère américaine dans les années à venir comme elle l'a fait ces dernières années.” En effet, depuis plus d'une année, Washington est entré dans l'ère post-Irak de sa politique étrangère. La présence militaire américaine a diminué et diminuera encore. Obama et McCain ne diffèrent que sur le rythme de ce retrait mais pas du tout sur le rôle attribué aux autorités de Bagdad. Pour l'engagement américain en Afghanistan, les deux se rejoignent pour l'amplifier. Barak et McCain sont persuadés que la dernière bataille contre les talibans et l'islamisme radical se joue en Afghanistan et au Pakistan son voisin. Obama est plus partant que son rival pour accroître des raids militaires contre les terroristes réfugiés aux frontières pakistano-afghanes, et peu importent les dommages collatéraux. Dans le dossier iranien, ils sont sur la même longueur d'ondes. Obama, tout comme McCain prônent des sanctions plus musclées, jusqu'à des frappes contre le régime de Téhéran qu'ils considèrent comme l'ennemi juré d'Israël. Pour ce qui est de la question palestinienne, il suffit de rappeler que le candidat du changement a solennellement promis aux lobbies juifs de ne jamais se désintéresser de la sécurité d'Israël et de rester constamment à l'écoute de ses responsables politiques et militaires ! Quant à l'amélioration de l'image des Etats-Unis à l'étranger, c'est dans l'air du temps, tous deux sont sommés de rendre leur pays mieux fréquentable. D'ailleurs, Bush avait inauguré ce processus à la fin de son second mandat. Et s'il y aura une différence, elle sera légère et portera sur la forme : Obama est plus enclin au dialogue que McCain. C'est une question de génération. Sur le plan économiques, tous deux ont applaudi au sauvetage de capitalisme, même si Obama est plus régalien. Avec la profondeur de la crise financière qui mute vers l'aggravation de la crise économique à proprement dit, ni l'un ni l'autre des candidat n'a de coudées franches. Les promesses d'Obama d'un changement pour les Américains risquent de rester lettre morte. Dans ce domaine du commerce, de la santé, de la vie de tous les jours des Américains, le Congrès a son mot à dire. Il n'est pas sûr que les sénateurs démocrates le suivent dans sa politique protectionniste, même s'ils sont majoritaires. Les représentants du peuple américain savent que fermer les frontières aux échanges de biens et services, c'est mettre en péril leur économie fondée sur les exportations de servies et d'intelligence. En outre, il ne faut pas perdre de vue que si le système politique américain est fondé sur le présidentialisme, le président ne règne pas ni ne préside en atome libre. Loin s'en faut, ses contre-pouvoirs sont nombreux et efficaces. D. Bouatta