Rien ne va plus entre l'Agence nationale d'archéologie et de protection des sites et monuments historiques et le wali délégué de Bab El-Oued. Le différend survient suite à la décision “unilatérale du wali ordonnant la démolition des statues d'ornement”, visibles sur la terrasse du palais consulaire, abritant le siège de la caci (Chambre algérienne du commerce et d'industrie), édifice classé monument historique, en raison de son style architectural conçu en 1892, indiquent des architectes restaurateurs, regroupés en cellule de crise sous la présidence du ministère de la Culture, qui semble dépassé par les évènements pour ne pas avoir été en mesure de stopper la démolition “de l'œuvre architecturale inédite” qui surplombe les lieux. Au cours de la conférence de presse tenue hier, le directeur général de la caci, M. Chami explique : “Au lendemain du séisme du 21 mai, sur ma demande, des inspections du ctc ont été menées sur le fronton de l'édifice qui semblait touché”, non sans prendre le soin d'alerter la wilaya et la tutelle, “conscient de la valeur historique du bâtiment”, indique-t-il. Contre toute attente, les éléments en pierre de taille, peints en blanc comportant une grande horloge et des éléments architectoniques classiques ainsi que des ornements floraux et deux statues disposées latéralement feront les frais de l'intervention du wali délégué de Bab El-Oued, “architecte de son état de surcroît, qui au lieu de songer à sauver l'édifice, il ordonna sur le champ sa démolition”, ajoute M. Ghessab, DG de l'Agence nationale d'archéologie et de protection des sites et monuments historiques, dépité et outré par ce qu'il qualifie de désastre. Il entend mener jusqu'au bout sa mission, puisque les pérogatives dont il jouit au regard de la loi n'excluent pas le recours à la justice souligne-t-il en indiquant que le dispositif est en cours pour ester le wali devant les tribunaux. Autour de ce “drame”, des spécialistes nationaux et français se sont joints bénévolement à cette action de sauvetage de ce qui reste de la statue “difficile à reconstituer”, tombée par l'effet de la grue et des engins de la wilaya intervenue “illégalement”. Les textes sont clairs, indique-t-on ; le wali devait même au nom de la sécurité publique qui lui incombe se concerter avec les spécialités après accord du ministère de la Culture, seul autorisé à mettre en œuvre le dispositif approprié. Il n'y avait pourtant pas de danger évident, indiquent ces architectes qui ne comprennent pas l'entêtement du wali à se précipiter pour la solution extrême “alors que le sauvetage de ce site classé par l'Unesco et inclus dans le périmètre protégé de la Casbah était techniquement faisable”. Les débris de ces statues étaient, hier, visibles aux alentours de ce monument après le passage des engins. Le séisme n'ayant pas eu raison de leur résistance, contrairement à l'homme, souligne le directeur général de l'agence. A. W.