Obama ne donne pas l'impression de se casser la tête dans le choix de son attelage. Il fait son marché à Chicago, la ville qui l'a propulsé vers la route de la Maison-Blanche. Obama a commencé à réunir son équipe. D'abord, celle qui doit assurer la transition jusqu'au départ de Bush, prévu le 20 janvier 2009. Ces trois mois risquent de ne pas être de tout repos pour le nouveau président, malgré la promesse du président sortant George W. Bush de coopérer “complètement” pour lui faciliter la tâche quand il lui succédera, faut-il le rappeler, au milieu d'une crise économique et deux guerres. Le staff d'Obama est composé pour l'essentiel de cadres démocrates qui ont servi la période Clinton. L'équipe de transition est ainsi dirigée par John Podesta, natif de Chicago et ancien directeur de cabinet de Bill Clinton. Elle comprend également des proches de personnalités démocrates qui ont mis Obama sur orbite dès les années 2000. Comme Valerie Jarrett, l'ancienne directrice de cabinet du maire de Chicago, qui a ouvert la porte de la politique à Obama et dont une des collaboratrices, Michelle, est devenue la compagne du nouveau président. Le staff d'Obama est par ailleurs boosté par Pere Rouse, le directeur de sa campagne électorale et mentor de la nouvelle génération du Parti démocrate. Apparemment, Obama se méfie de l'establishment washingtonien. Sa préférence va pour des démocrates de Chicago, et pour des spécialistes qu'il connaît depuis ses années d'Harvard. Cependant, et bien que élu confortablement, Obama doit tenir compte de son parti. Pour le poste de chef de cabinet de la Maison-Blanche, il a sollicité un homme qu'il connaît bien, Rahm Emanuel, c'est l'un des chefs de file démocrates au Congrès. Surnommé “Rahmbo” pour son caractère d'attaquant. C'est un apparatchik. Ancien aide de Bill Clinton, il a eu l'intelligence de rester neutre pendant la guerre des primaires qui a opposé Obama à Hillary, pour ne pas se montrer ingrat envers les Clinton et ne pas indisposer également Obama, préparé à prendre la Maison-Blanche. “Rahmbo” est également natif de Chicago et c'est aussi un proche du maire Richard Daley, le sponsor d'Obama. Rahm Emanuel est de surcroît un représentant de lobbies juifs, il s'est engagé comme volontaire en Israël pendant la première guerre du Golfe en 1991. Le poste de SG de la Maison-Blanche est un des plus importants de l'administration américaine, c'est la personne la plus haut placée au sein de l'exécutif et il a un rôle de haut conseiller auprès du Président. Pour ce qui est de l'équipe d'après 20 janvier, les médias américains ont commencé à retenir Colin Powell à l'éducation, il s'occupe actuellement d'une fondation pour jeunes des cités. Caroline Kennedy, la petite fille de JFK à qui Obama ressemble tant et si bien qu'on le qualifie également de Kennedy noir, ou Susan Rice pour le poste d'ambassadrice à l'ONU. John Kerry, le candidat malheureux contre Bush version 2004, au département d'Etat. Les places boursières piaffent d'impatience pour connaître le nom du futur secrétaire au Trésor. Wall Street, après la remontée du jour des élections, a dégringolé de nouveau. Selon le New York Times, Obama ne prévoit pas d'assister au sommet économique du G20, le 15 novembre à Washington, même s'il n'exclut pas de rencontrer certains des chefs d'Etat présents lors d'une réception. Obama devait commencer, jeudi, à recevoir les briefings quotidiens sur la sécurité des Etats-Unis qui sont délivrés au président tous les matins. La préparation de la cérémonie d'investiture, le 20 janvier à Washington, a également commencé. Le thème retenu par le comité du Congrès chargé des cérémonies est “Une nouvelle naissance pour la liberté”, en référence à Abraham Lincoln, dont le bicentenaire fera l'objet d'une célébration nationale en février 2009. Tout un symbole. Mais après cela, Obama devra faire face aux réalités, non plus aux dreams. D. Bouatta