“La direction de l'Epal n'a pas respecté la loi”, clame le représentant du syndicat qui dénonce ce partenariat. Au lendemain de la signature de l'accord de partenariat entre leur entreprise et l'Emirati DP World, les membres du Conseil syndical du port d'Alger que nous avons reçus hier à notre rédaction ne se sont pas encore remis de leur amertume. La déception, voire la révolte se lisait sur leurs visages, eux qui n'ont cessé de se battre pour empêcher le débarquement de l'opérateur émirati dans l'enceinte de leur entreprise. Mais, maintenant que c'est fait, les syndicalistes semblent décidés à réagir, envisageant de répliquer de “la manière la plus appropriée” à cet accord. D'ailleurs, d'après M. Abbes Guermache, secrétaire général du Conseil syndical du port d'Alger, c'est la coordination des ports d'Algérie qui va prendre en charge le dossier dès samedi prochain puisqu'une réunion est prévue à cet effet. “On a voulu nous prendre de vitesse. Les ports, c'est la souveraineté du pays. Le président de la République a parlé de ça récemment. On va s'en remettre à lui et aux patriotes de ce pays”, affirme-t-il, tirant à boulets rouges sur la direction du port qui, d'après lui, “n'a pas associé le partenaire social à la démarche”. S'appuyant sur plusieurs textes de loi, ainsi que sur la résolution du Conseil des participations de l'Etat (CPE) datant du 4 juillet 2004 et le procès-verbal de la réunion du 10 avril 2006 entre les représentants de la Centrale syndicale et le ministre des Transports, M. Guermache estime que la direction de l'entreprise “n'a pas respecté la loi”, clamant son refus de ce partenariat. “Tout s'est fait en catimini”, relève-t-il, tout en s'interrogeant : “Pourquoi a-t-on fait appel au Emiratis ?” Pourtant, d'après lui, “l'entreprise a les moyens d'engager les investissements nécessaires à son développement et elle l'a déjà fait cette année en dépensant quelque 100 milliards de centimes pour l'achat d'équipements”. Le représentant du syndicat considère que l'apport de l'opérateur émirati en savoir-faire et en transfert technologique n'est que de la poudre aux yeux. “Ce sont des gens qui sous-traitent la technologie. Ils veulent le beurre et l'argent du beurre. A-t-on besoin d'eux pour améliorer la gestion et le fonctionnement de nos entreprises ? Qu'on nous donne le matériel dont on a besoin. S'ils veulent construire un port, il y a 1 200 km de côte”, tonne le représentant du syndicat. Celui-ci tient, par ailleurs, à dénoncer le fait que l'accord porte sur le terminal à conteneurs qui représente 70% des recettes de l'entreprise. “Sur les 3 600 travailleurs du port, 668 seront sélectionnés pour faire partie de la nouvelle entité et le reste, c'est-à-dire la plupart, va rester dans un périmètre où il y a peu d'activités. 2 800 postes d'emploi sont donc menacés”, tient-il à relever. Que fera maintenant le syndicat ? “On laissera cela à l'appréciation de la coordination des ports qui se réunira samedi prochain”, indique notre interlocuteur. À rappeler que la coordination des syndicats des ports avait décidé d'observer une journée de protestation le 12 novembre en cours dans les dix ports du pays, mais le mouvement a été finalement désamorcé après l'intervention du secrétaire général de l'UGTA qui avait demandé la suspension de l'action. H. S.