Pour redorer le blason terni du tourisme algérien, le ministre des l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme, Chérif Rahmani, semble investir tous ses espoirs dans la destination Sahara qui présente, il est vrai, d'innombrables atouts. En visite les 8 et 9 novembre dans la capitale de l'Ahaggar pour lancer la saison touristique 2008-2009, M. Rahmani a battu le rappel des opérateurs des wilaya d'Illizi et de Tamanrasset pour les mobiliser autour d'un objectif clair : rendre ses lettres de noblesse au tourisme saharien. Certes, le ministère du Tourisme s'est doté d'un schéma directeur de l'aménagement touristique ainsi que d'un projet de schéma régional pour les zones du Sud, mais M. Rahmani tient à ce que les opérateurs des régions du Sud disent leur mot, fassent état de leurs propositions. “Nous sommes venus ici pour sensibiliser toutes les parties sur l'importance de cette question. L'essor du tourisme est la clé de voûte du développement local dans les régions du Sud”, a soutenu M. Rahmani. Et d'ajouter : “Il faut soigner l'image du tourisme saharien ternie par le terrorisme pour lui donner une autre à la hauteur des potentialités immenses dont disposent nos régions du Sud. En plus de la richesse de son patrimoine culturel et civilisationnel, le Sahara algérien est le plus beau de tous les déserts d'Afrique.” De son point de vue, la réhabilitation du tourisme saharien exige professionnalisme et excellence. “Pour insuffler une dynamique nouvelle au tourisme saharien, nous devons nous distinguer des autres destinations touristiques. Cette tâche exige de nous intelligence, créativité et professionnalisme pour que l'Ahaggar et le Tassili reconquièrent leur place parmi les grandes destinations mondiales. On doit mettre fin au bricolage”, estime-t-il. Surtout que l'objectif principal est “d'intégrer la destination Algérie dans le circuit mondial”. Cette réhabilitation passe aussi par l'obligation d'améliorer la qualité et les capacités d'accueil des régions du Sud mais aussi d'investir dans la formation pour doter le secteur d'un encadrement hautement qualifié. Expliquant la stratégie préparée par son ministère, M. Rahmani a indiqué qu'elle repose sur quatre axes : mise en place d'une politique qui prend en compte la diversité du Sahara, encouragement du tourisme écologique, favoriser un tourisme d'excellence au lieu du tourisme de masse, diversification des filières. “Certes, on doit se doter d'une organisation et d'une vision juridiques, mais nous devons aussi encourager le développement et l'investissement. C'est celle-là notre nouvelle stratégie. Le Sahara est le moteur et pôle du tourisme national.” Réaliste, M. Rahmani reconnaît que le tourisme saharien accuse beaucoup d'insuffisances, que le nombre de touristes qui visite le Sahara est faible comparé aux potentialités existantes. Pragmatique, il n'a pas cessé de rappeler que l'Algérie “n'est pas un pays touristique mais un pays en voie de construire son tourisme”. Poussant le bouchon plus loin, M. Rahmani s'est dit étonné par l'insignifiance des enveloppes accordées à son secteur dans les budgets des wilayas et des communes alors que les pouvoirs publics clament que le tourisme est un secteur prioritaire. Pour leur part, les opérateurs de la région ont soulevé moult problèmes qui entravent le développement du tourisme saharien. On se plaint de la cherté du billet d'avion, de la difficulté pour les touristes d'avoir des visas, des lourdeurs administratives pour avoir une autorisation à lancer des projets, l'exclusion des opérateurs des avantages de l'ANDI pour renouveler leurs parcs de 4X4, etc. “Le séjour au Sahara est excessivement cher”, regrette un responsable d'une agence de voyages. M. Rahmani s'est engagé à régler certains problèmes et a donné des directives aux responsables locaux de son secteur de prendre en charge d'autres. Tout comme il a promis que les choses vont changer puisque, argue-t-il, la volonté politique existe. La preuve ? Pour donner un coup de fouet au tourisme saharien, le gouvernement a décidé en 2006 de réhabiliter les établissements hôteliers du sud du pays. “L'opération sera lancée dans les prochains mois. Le financement sera assuré par une caisse du ministère des Finances. Le taux d'intérêt des crédits alloués ne dépassera pas 1%. Une enveloppe de 1,6 milliard est d'ores et déjà dégagée. Pour le moment, seuls 9 hôtels des 17 existants en bénéficieront”, a indiqué M. Rachid Bouaraba, membre du directoire de la SGP Gestour. À titre d'exemple, l'hôtel Tahat de Tamanrasset se verra accorder un crédit de 135 millions de DA. Le tourisme étant aussi une affaire du privé, les pouvoirs publics ont donné leur accord à des projets d'investissement visant à redynamiser le tourisme dans notre pays. Dans son exposé sur le développement des pôles touristiques de l'excellence, M. Louardi a indiqué que depuis janvier 2008, pas moins de 253 projets ont bénéficié de l'accord du ministère. D'un montant de 30 milliards de DA, ces projets permettront la création de 20 000 emplois et peuvent réaliser des chiffres d'affaires de 5 à 6 milliards de DA. À Tamanrasset, 3 projets ont bénéficié du quitus des autorités. Pour ce qui est du projet de 6 villages sahariens, M. Rahmani a indiqué que le cahier des charges est finalisé et l'appel d'offres est en cours de réalisation. Et d'annoncer que le premier village sera réceptionné fin 2010. Pour rendre attrayante et compétitive la destination Algérie, M. Rahmani a décidé d'investir dans la qualité. Il a instauré un plan qualité pour insuffler une dynamique d'amélioration des conditions d'accueil. Ainsi les agences de voyages et les offices du tourisme contracteront avec le ministère du Tourisme une convention de partenariat assortie de plusieurs engagements ayant trait à la qualité. Sur les 733 agences de voyages qui existent au niveau national, 400 ont souscrit à ce plan qualité. À Tamanrasset, sur les 22 établissements hôteliers existants, 2 seulement en sont éligibles et sur les 78 agences de voyages existantes, 43 font partie du lot. Pour Illizi, 3 agences de voyages seulement sur les 30 que compte la wilaya sont éligibles au plan qualité. “Chacun est libre de rejoindre ou non ce plan. Il faut savoir toutefois que les opérateurs qui sont pour la qualité vont bénéficier de notre soutien. En revanche, ceux qui préfèrent la médiocrité seront éliminés. Car nous voulons un tourisme digne de ce nom et capable de concurrencer les grandes destinations”, a averti M. Rahmani. A. C.