Sa stratégie entriste, qui faisait consensus au temps de Mahfoud Nahnah et au nom de laquelle le parti, cadres et militants, pratiquaient et défendaient à l'unisson la politique des “deux fers au feu”, semble avoir atteint ses limites : elle n'a pas mené le MSP bien loin sur la voie de la conquête du pouvoir. Cinq mois avant sa tenue, la présidentielle de 2009 divise déjà les rangs du MSP. D'un côté, le premier groupe, constitué par le chef légal, Abou Djerra Soltani et ses fidèles, souhaite que le Mouvement adopte la même position que les autres partis de l'Alliance présidentielle, le FLN et le RND, engagés à fond en faveur d'un troisième mandat pour Bouteflika. De l'autre, le second groupe, mené par Abdelmadjid Menasra, l'ex-ministre de l'Industrie sous Liamine Zeroual, dont les partisans, assez nombreux au sein du MSP, jugent que le parti est digne d'avoir son propre candidat à la magistrature suprême, quitte à claquer la porte de l'Alliance sacrée. “Après tout, notre vraie place est dans l'opposition”, disent les plus farouches parmi ces derniers. Comme pour rappeler que l'équation, au sein du MSP, se résume au flou qui caractérise la position du MSP sur l'échiquier politique national. Si l'approche de l'échéance d'avril 2009 aiguise les contradictions à l'intérieur de ce mouvement hybride, celles-ci ne sont guère nouvelles. Sa stratégie entriste, qui faisait consensus au temps de Mahfoud Nahnah et au nom de laquelle le parti, cadres et militants, pratiquaient et défendaient à l'unisson la politique des “deux fers au feu” semble avoir atteint ses limites : elle n'a pas mené le MSP bien loin sur la voie de la conquête du pouvoir. Pis encore, ses militants sont de plus en plus nombreux à considérer qu'il est l'éternel “parent pauvre” de l'Alliance. Ce qui est de nature à donner des ailes au groupe de Menasra qui enfourche le cheval de la présidentielle pour réussir ce qu'il avait manqué de justesse lors du dernier congrès : la destitution de Soltani. Cet énième épisode de la dissidence dans l'ex-Hamas donne à penser que ce parti devra sans doute, un jour ou l'autre, choisir entre deux options : celle du statu quo, avec les privilèges et le confort d'une petite place à l'ombre du RND et du FLN, ou celle de l'autonomie. Mais c'est précisément ce choix que le MSP se refuse à faire. Et le choix est d'autant plus difficile aujourd'hui que la mouvance islamiste est honnie chez nous et qu'elle l'est encore plus ailleurs. Incapable de réaliser ses ambitions de pouvoir, impuissant à se lancer dans l'opposition. Sa qualité de formation islamiste, tel est le destin du parti de Nahnah. Alors autant éviter son implosion. Sur ce point, mais sur ce point seulement, tout le monde est d'accord au MSP. C'est pourquoi les uns et les autres se plient volontiers à toute médiation d'où qu'elle vienne pour faire bonne figure. S. C.