Selon le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, en visite en Tunisie hier, plus de 450 milliards de mètres cubes de volume de gaz ont été livrés aux clients de Sonatrach via ce gazoduc depuis son démarrage en 1983. “La part du gaz algérien dans le bilan des importations gazières de l'Italie est passée d'environ 14% en 1983 à plus de 36% en 2007. Nous sommes fiers aujourd'hui de pouvoir affirmer qu'en lui permettant un accès à une source fiable, l'Algérie a favorisé la progression du gaz naturel dans les bilans énergétiques de l'Italie et a participé à son développement et à la diversification de ses approvisionnements énergétiques”. Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, estime que ces progrès ont pu être atteints grâce au renforcement des capacités du gazoduc transméditerranéen Transmed. “Le poids de l'Italie dans nos exportations d'hydrocarbures est prépondérant, soit plus de 40%, faisant de ce pays la première destination du gaz algérien”, indiquera le ministre. M. Chakib Khelil a également précisé que les volumes acheminés par le Transmed, en abritant les quantités de GNL livrés en Italie, font de l'Algérie le principal fournisseur de gaz de ce pays. Pour le ministre de l'Energie et des Mines, le succès du Transmed est également le succès de “relations partenariales de grande qualité” entre Sonatrach et les compagnies italiennes ENI et tunisienne ETAP, dont “les liens à travers l'histoire n'ont cessé de se renforcer et ne se sont jamais démentis, même durant les périodes difficiles”. La coopération entre ENI et Sonatrach couvre un large spectre de domaines d'activités et comptent de nombreuses réussites. “L'ENI est l'un des principaux partenaires de Sonatrach dans l'amont algérien, avec droits à productions représentant 30% du total des droits à production des associés en Algérie”, a indiqué Chakib Khelil. Intervenant lors de la cérémonie de la célébration du 25e anniversaire de la création de la Trans-Tunisian Pipeline Company (TTPC), chargée de la gestion et exploitation du tronçon tunisien du gazoduc, le ministre a qualifié le projet de “symbole de l'interdépendance” et “facteur de rapprochement” entre les pays impliqués, l'Algérie, la Tunisie et l'Italie. Le gazoduc Transmed, qui constituait à son lancement dans les années 1970 un défi majeur et un pari sur l'avenir, est aujourd'hui, ajoutera-t-il, un pari gagné grâce à la volonté des hommes et des équipes multidisciplinaires qui ont su joindre leurs efforts et leurs compétences, et qui ont fait, a-t-il poursuivi, que le projet, qui semblait à l'époque utopique, s'est concrétisé. “Le succès de l'ouvrage n'a fait que se confirmer à travers les décennies”, avouera-t-il, en avançant le chiffre de “plus de 450 milliards de mètres cubes de volumes de gaz livrés aux clients de Sonatrach sur le Transmed depuis le démarrage du gazoduc en 1983”. L'accord signé hier : les quantités de GPL livrées à la Tunisie doublées La construction du Transmed a été lancée, rappelle-t-on, en 1979, et s'est poursuivie en plusieurs phases : en 1983 et 1987 pour les deux lignes, en 1995 pour la station de compression, puis en 2008 avec la mise en service des nouvelles extensions. Le gazoduc relie l'Algérie à l'Italie, via la Tunisie. Un projet long de 2 500 km, dont 171 en eau profonde, qui permet l'acheminement du gaz des champs du Sud algérien vers l'Europe. Il constitue aussi une source d'approvisionnement de la Tunisie en gaz algérien devant répondre à ses besoins énergétiques croissants. Le Transmed, suite à un projet réalisé par le groupe italien ENI en partenariat avec Sonatrach, a enregistré un accroissement de près de 25%, en deux phases, de ses capacités de transport, soit de 27 milliards de m3/an à 33,5 milliards de m3/an à l'exécution totale du projet début octobre 2008. Une première phase de cet accroissement, soit pour une capacité de 3,2 milliards de m3/an a été livrée en avril 2008 et une seconde pour 3,3 milliards de m3/an début octobre 2008, pour un investissement de plus de 500 millions d'euros. Le ministre de l'Energie et des Mines a entamé jeudi dernier une visite de travail en Tunisie, au cours de laquelle il a visité les installations de la station de compression d'El-Haouaria. La station, implantée après 370 km de gazoducs en territoire tunisien, est placée en amont des conduites sous-marines du canal de Sicile. Elle est équipée de 10 unités de compression (jusqu'à 210 bars) de cycle régénératif d'une puissance totale de 260 MW. C'est un ouvrage comprenant deux gazoducs, dont le premier d'une capacité de 12 milliards de m3/an a été mis en exploitation en 1983 et le second portant la capacité globale à 27 milliards de m3/an opérationnel depuis 1994. Les deux gazoducs sont mis en parallèle et traversent le territoire tunisien sur 370 km de l'oued Saf-Saf, à la frontière algéro-tunisienne, jusqu'à la station d'El-Haouaria à la pointe de Cap-Bon sur le littoral Est-Tunisie. Cette dernière est reliée à la Sicile à travers 5 lignes en mer équipées de terminal de départ et d'arrivée (TMPC). Hier, Chakib Khelil et son homologue tunisien M. Afif Chelbi ont signé un accord pour doubler les quantités de GPL livrées à la Tunisie, actuellement de 150 000 tonnes/an, à près 300 000 tonnes/an pour couvrir les besoins de la Tunisie en la matière. C'est un très bon accord entre les deux parties, a déclaré à ce sujet, M. Chakib Khelil, en précisant qu'outre cet accord de 300 000 tonnes/an, renouvelable, il est également question pour Sonatrach de participer dans les facilités de stockage de GPL en Tunisie. Les deux parties ont évoqué la possibilité de développer à l'avenir un stockage terrien, en Tunisie, de GPL qui servirait de base de stockage du produit, destinée aussi bien à couvrir des besoins de la Tunisie que ceux d'autres pays de la Méditerranée en la matière. Les deux parties ont, en outre, discuté du développement du gaz découvert en Tunisie, notamment le mode de sa commercialisation, et de la constitution prochaine d'une équipe de travail appelée à plancher sur la question, a ajouté le ministre. Les autres dossiers évoqués ont porté sur l'approvisionnement en GPL et en gaz naturel des zones frontalières tunisiennes à partir de l'Algérie, ainsi que le projet d'interconnexion électrique entre les deux pays. “Nous espérons commencer en 2009 le transfert de l'électricité sur des liaisons de 400 kilovolts”, dira M. Chakib Khelil en soulignant qu'avec l'interconnexion réalisée depuis quelques semaines avec le Maroc, le paysage maghrébin dans le domaine de l'électricité commence à devenir une réalité. Badreddine KHRIS