L'ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan et l'ex-président américain Jimmy Carter ont annoncé hier qu'ils n'iraient pas au Zimbabwe comme prévu parce que le régime du président Robert Mugabe a refusé de leur délivrer des visas. "Nous avons dû annuler notre visite parce que le gouvernement du Zimbabwe a clairement fait comprendre qu'il ne souhaitait pas coopérer", a déclaré Kofi Annan lors d'une conférence de presse à Johannesburg. "Le gouvernement du Zimbabwe n'a pas voulu nous laisser entrer", a ajouté Jimmy Carter. "Nous avions fait des demandes de visa il y a plusieurs semaines, mais l'ambassadeur du Zimbabwe à Washington nous a dit qu'ils ne seraient pas délivrés à temps." Les anciens leaders pensaient pouvoir obtenir un visa à leur arrivée à l'aéroport de Harare, mais ils ont été informés vendredi soir par les autorités sud-africaines que "cet arrangement ne serait pas autorisé", a ajouté l'ex-chef d'Etat, en précisant que jamais, jusqu'à présent, un gouvernement ne lui avait refusé de visa. Les deux hommes devaient partir hier matin, en compagnie de l'épouse de Nelson Mandela et défenseur des droits de l'homme, Graça Machel, pour une mission humanitaire au Zimbabwe, au nom du groupe de réflexion "The Elders" ("les Anciens"). Aucune explication officielle n'a été fournie par les autorités zimbabwéennes pour l'interdiction de cette mission, a indiqué Kofi Annan. "Mais un haut responsable (sud-africain) nous a dit qu'ils craignaient que notre présence n'interfère avec les négociations politiques" en cours. "Nous avions pourtant clairement dit que nous ne souhaitions pas être impliqués dans le processus politique", a-t-il ajouté. Les équipes du président Mugabe et de son rival Morgan Tsvangirai doivent reprendre la semaine prochaine en Afrique du Sud leurs discussions en vue de la formation d'un gouvernement d'union, conformément à un accord de partage du pouvoir signé le 15 septembre qui reste lettre morte à l'heure actuelle. "Notre rôle est d'augmenter l'attention internationale sur la crise", a ajouté Graça Machel, en précisant que Harare lui a déjà refusé un visa en juillet, quand elle souhaitait mener une délégation de femmes africaines au Zimbabwe. "Des gens meurent de faim chaque jour au Zimbabwe, les hôpitaux sont incapables de soigner les malades et les écoles peinent à ouvrir", a-t-elle souligné. La crise politique se double d'un effondrement de l'économie caractérisé par une hyperinflation inouïe à plus de 231 millions %, 80% de chômage et une production au point mort. Près de la moitié de la population aura besoin d'une aide alimentaire en janvier et une épidémie de choléra a fait près de 300 morts, selon l'ONU, et menace de s'étendre. R. I./Agences