Le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, la Libye et même l'Espagne sont concernés par l'appel lancé récemment par la chef du bureau de l'ONU pour le désarmement, les appelant à stopper leur course à l'armement, qui se fait au détriment du développement des peuples de la région. Les conflits sont les causes directes de la course à l'armement, a affirmé la présidente du bureau onusien de désarment, Agnès Marek Ayo, récemment dans la capitale marocaine à l'occasion d'une rencontre sous le thème : “Les armes conventionnelles en Méditerranée et au Moyen-Orient”. Ainsi, le conflit du Sahara occidental et le différend maroco-espagnol sur les enclaves de Ceuta et Melilla, sont les deux motifs directs de la course aux armements à laquelle se livrent les pays de l'ouest de la Méditerranée, y compris l'Espagne. Cette dernière, qui fait en sorte de garder l'ascendant militaire sur l'Algérie et le Maroc, plus particulièrement sur le second nommé à cause des revendications territoriales marocaines sur les deux enclaves citées plus haut, et aussi les îlots se trouvant dans le détroit séparant les deux pays, notamment celui de l'île Persil, qui a failli provoquer, il y a quelques années, un conflit armé entre Madrid et Rabat. Partant de ce constat, Mme Agnès Marek Ayo a abouti à la conclusion logique que le règlement de ces conflits et différends est la seule solution à même de stopper la course à l'armement à laquelle se livrent les pays concernés, car cela créera un climat de confiance mutuelle entre toutes les parties. Cet appel des Nations unies intervient à la suite du constat fait de l'augmentation des moyens alloués à l'armement par notamment le Maroc et l'Algérie, qui avoisinent les 5% du budget de l'Etat. Ainsi, dans les prévisions budgétaires pour l'année 2009, le royaume alaouite prévoit environ 4 milliards de dollars US pour son armée, alors que l'Algérie envisage de dépenser 6,2 milliards de dollars US. Ces dépenses se répercutent inévitablement sur le développement, surtout au sein des pays dont les ressources sont limitées ou n'ayant pas de revenus pétroliers. Selon un chercheur en relations internationales et directeur de la revue Points de vue, Hasni Abdelatif, “à chaque fois que la course à l'armement s'accroîtra, cela se traduira par le recul des pays du Maghreb dans le classement des Nations unies du développement humain”. Les analystes estiment que l'appel de l'ONU pour cesser la course à l'armement, à travers l'acquisition de chars, d'avions et d'hélicoptères de combat ou de frégates, ne trouvera aucun écho dans les pays du Maghreb, notamment l'Algérie et le Maroc, pourtant signataires du traité de non-prolifération des armes conventionnelles. Les deux pays auraient entamé une phase d'armement et de restructuration de leurs armées respectives pour les deux prochaines décennies. Cela les place parmi les 20 pays de la planète qui achètent le plus d'armes actuellement, d'où l'inquiétude de l'Organisation onusienne, désireuse de limiter la prolifération des armes conventionnelles, en nette augmentation dans cette partie du monde. Refusant d'être dépassées et de se retrouver en position de faiblesse dans la région, la Tunisie et la Libye se sont mises, elles aussi, à renforcer leurs armées, surtout Tripoli, comme cela a été démontré au début du mois en cours lors de la visite du colonel Al-Kadhafi à Moscou où il a négocié un important contrat d'achat d'armes. Merzak T.