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“Apprenons à construire fiable !”
Omar Khemici (phd en génie sismique de l'université de Stamford, USA) à Liberté
Publié dans Liberté le 09 - 06 - 2003

Il est en mission dans son pays d'origine depuis les premiers jours du séisme. Omar Khemici, ancien étudiant de l'Ecole nationale polytechnique d'El-Harrach, promotion 1975, a été dépêché des Etats-Unis afin d'élaborer, pour le compte d'un bureau d'études américain, un rapport sur le tremblement de terre qui a secoué l'Algérie. Dans ce bref entretien, il nous livre ses premiers constats et ses observations sur cette tragédie et quelques recommandations pour prévenir des dégâts d'une telle ampleur.
Liberté : Qui est Omar Khemici ?
M. Omar Khemici : Je suis un ancien étudiant en génie civil de l'Ecole nationale polytechnique d'El-Harrach, promotion 1975. Je suis allé aux Etats-Unis, plus exactement en Californie, où j'ai obtenu un PHD en génie civil de l'université de Stamford, avant d'atterrir dans un cabinet de consulting (Earth Quick Engeneering) basé à Oackland. Ma venue en Algérie s'inscrit dans le cadre d'une mission qui m'a été confiée en compagnie de six collègues dont cinq Algériens et un Américain, au profit de l'Institut de recherche sur les tremblements de terre (Earth Quick Research Institut).
C'est l'équivalent de notre Craag national ?
Un peu plus, puisque cet institut est une organisation professionnelle qui regroupe un nombre impressionnant de chercheurs dans le domaine du génie sismique et de tous ce qui a trait aux séismes. Il a des membres de presque tous les pays du monde, qui se réunissent périodiquement en une espèce de forum de la communauté scientifique mondiale. Et dès qu'un tremblement de terre dépassant une certaine magnitude est signalé, des équipes sont immédiatement dépêchées sur place pour une étude de reconnaissance suivie d'un rapport de présentation à la communauté scientifique.
Quelles sont donc vos premières conclusions sur le séisme qui a frappé Boumerdès et Alger ?
J'aimerais signaler, tout d'abord, que ce tremblement de terre n'est pas extraordinaire en ce sens qu'il ressemble à tous les autres séismes qui ont frappé d'autres régions du globe à cette différence près, peut-être, que le nôtre a fait plus de victimes et beaucoup de dégâts matériels. Sinon, ce sont pratiquement les mêmes problèmes de prise en charge relevés et les mêmes enseignements tirés de toutes les secousses de cette magnitude. Il y a, à mon sens, deux aspects à relever de cette catastrophe. L'un est positif et l'autre négatif.
Le positif est que l'on n'a heureusement pas enregistré la destruction des grands ouvrages comme les ponts et les routes. Quant à l'aspect négatif, cela été bien évidemment l'ampleur des dégâts et le nombre très élevé de personnes décédées.
Selon vous, cela est dû à quoi ?
D'après les observations que nous avons faites sur le terrain, que ce soit à Boumerdès ou à Alger, il apparaît clairement que les normes de construction n'ont pas été systématiquement respectées.
Ce serait un secret de Polichinelle de dire, aujourd'hui, que dans notre pays n'importe qui peut s'improviser entrepreneur et même ingénieur ! Sachez qu'aux Etats-Unis, par exemple, les gens qui se lancent dans ces métiers sont obligatoirement encadrés par des professionnels chevronnés plusieurs années avant d'avoir l'autorisation de concevoir pour l'un et construire pour l'autre. En clair, même si vous sortez de l'université, vous n'êtes agréé qu'une fois que vous avez fait vos preuves avec votre encadreur. C'est dire que le respect des normes est éminemment important. Chez nous, malheureusement, nous sommes loin des normes…
Vous remettez donc en cause le respect des règles de construction…
Oui, absolument ! En Algérie, la construction parasismique n'est pas prise au sérieux, car si cela avait été le cas, même si la secousse est forte, la structure des bâtiments se serait dégradée, mais pas effondrée.
C'est que les immeubles construits selon les normes parsismiques ne subissent que des dégâts architecturaux. Et cette réalité, nous l'avons nous-mêmes observée à Zemmouri, Corso et Boumerdès.
Quelle solution préconisez-vous pour y remédier ?
Je voudrais attirer, à travers vous, l'attention des pouvoirs publics pour qu'ils veillent à ce que n'importe qui ne soit pas entrepreneur, encore moins ingénieur. Il faut professionnaliser ces métiers. C'est très important. Il faut également sensibiliser les citoyens au fait que la construction parasismique ne coûte pas cher, contrairement aux idées reçues.
Certains expliquent l'ampleur des dégâts par le fait qu'on ait construit sur des terres fragiles…
Cela n'a absolument rien à voir ! On peut construire là où on veut, à la seule condition de mettre les moyens et d'observer les normes de construction dans le cadre du règlement parasismique national. Il faut, bien entendu, éviter de construire sur des failles.
Mais, tout ce qui se dit, qu'on a par exemple construit sur du sable, de la terre agricole ou des marécages n'est que spéculation.
Vous savez, là où j'habite en Californie, toute la ville a été édifiée sur un terrain fragile, mais aucune secousse n'a eu raison de ses immeubles. Pourquoi ? Parce que là-bas, on construit selon la technique des pieux comme le font les Chinois dans les programmes de l'AADL.
Que pensez-vous de la prise en charge des sinistrés ?
Ecoutez, dans tous les pays du monde, fussent-ils les plus développés, on ne peut pas subvenir à tous les besoins immédiats des sinistrés en pareilles circonstances. Il y a forcément des lacunes et des protestations, y compris aux USA.
Il faut reconnaître que l'Etat n'a pas tous les moyens, et là j'aimerais insister sur la nécessité de développer le mécanisme d'assurance des habitations pour que les pouvoirs publics n'aient pas à financer les dégâts avec l'argent du Trésor qui, normalement, va à la prise charge des sinistrés. Je voudrais aussi relever cette solidarité extraordinaire du peuple algérien qui n'a pas son égal ailleurs.
Des voix se sont élevées au lendemain du séisme pour remettre en cause la compétence des chercheurs du Craag pour une histoire de calcul de la magnitude. Doit-on faire confiance à nos chercheurs ?
Au Craag, il y a de grandes compétences. Nous avons des chercheurs qui font un excellent travail avec les moyens de bord. Je souhaiterais, cependant, qu'il y ait une coordination entre cet organisme, le Centre de génie sismique et le CTC.
Ces trois organismes réunis pourront assurer un objectif : construire fiable. Il est urgent aussi de penser à un travail de simulation des séismes pour affiner les mécanismes de secours.
H. M.


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