Le Premier ministre a résumé devant les députés le Plan d'action du gouvernement, espèce de plan de transition entre les programmes présidentiels 2004-2009 et 2009-2014. Dans ce plan pour les quatre mois à venir, sera parachevé tout ce qui n'a pas été achevé : la paix et la sécurité, le million de logements, les deux millions d'emplois, le déploiement de la stratégie industrielle et les interminables réformes de la justice, de l'administration, de l'école, de l'université, de la recherche scientifique. Le Premier ministre admet tout de même qu'en matière de terrorisme, le danger n'est pas écarté ; mais le constat ne l'amène pas à relativiser la pertinence sécuritaire de la réconciliation nationale. La poursuite obstinée de la démarche réconciliatrice, malgré son résultat mitigé et malgré la persistance du risque terroriste, confirme qu'en définitive, la réconciliation est une option idéologique sans rapport avec son improbable efficacité pacificatrice. Outre que ce postulat structurant de la vie politique nationale n'est pas discutable, le discours magique d'une réussite illusoire continue à s'imposer à l'opinion nationale. On ne retrouve même pas les errements économiques qui ont fait dire au président de la République, devant les présidents d'APC, que “nous avons fait fausse route”. On pouvait s'attendre à ce que Ouyahia expliquât les motifs politiques d'un Plan d'action. Il s'est limité à rappeler les mesures prises ces derniers mois pour combler les déficits de réalisation du programme présidentiel en matière sociale et sécuritaire, notamment. Il semble n'avoir eu que le souci de répondre à l'obligation de se conformer à la procédure constitutionnelle, profitant de l'occasion pour émettre un message rassurant, histoire de balayer les éventuelles appréhensions nées de la propagation planétaire des effets de la crise financière internationale. Le leitmotiv “n'ayez pas peur” est une nouvelle fois repris. Alors que la crise s'annonce profonde et durable, c'est un proche horizon électoral qui fixe les termes de la réflexion officielle : l'Etat aura de l'argent pour financer ses budgets des quelques mois et années à venir. Ce n'est donc pas encore la révolution annoncée par le refrain, récemment remis au goût du jour, du passage d'une économie monoexportatrice vers une économie de production. La gestion circonspecte des surplus pétroliers est présentée comme une preuve d'efficience économique et sociale de la politique du gouvernement, au point de lui faire oublier les manifestations du malaise national profond : la désespérance des jeunes et l'effritement du pouvoir d'achat des salariés. Le Premier ministre nous avait avertis la veille de son discours : “Il ne s'agit pas de parler d'avenir.” Et donc là où il est question d'évaluer la stratégie de développement socioéconomique, il nous fait la démonstration de ses compétences de régisseur du gouvernement. Et comme il nous disait aussi qu'“il ne faut pas dire que tout va bien”, on pourrait se demander pourquoi le jour où il dresse un si bon bilan de l'action de l'Exécutif, les autorités doivent recourir à la justice pour empêcher l'expression des problèmes sociaux des fonctionnaires de la santé. M. H.