En matière d'exportation, notre pays est également en mauvaise position. Un forum sur la pomme de terre a été organisé, hier au siège d'Algex, à l'occasion de l'Année internationale de la pomme de terre. Cette rencontre, tenue à l'initiative du ministère de l'Agriculture et de Filaha, a été une occasion pour les participants d'évoquer la problématique de la pomme de terre en Algérie. Devant un important parterre de professionnels, Lefki Mohand Ameziane du Cnif s'est voulu très critique par rapport à la production ainsi qu'à l'exportation nationale de la pomme de terre par rapport aux autres pays du Maghreb. “L'Algérie est placée deuxième en matière de superficie des terres qui sont propres à la culture de la pomme de terre après l'Egypte et est malheureusement classée dernière, c'est-à-dire quatrième après le Maroc, la Tunisie et l'Egypte dans le rendement de la production de la pomme de terre, mais également se distingue par son exportation insignifiante qui la classe également dernière en la matière par rapport à ces trois pays du Maghreb.” C'est du moins ce qu'a expliqué Lefki Mohand Ameziane qui a déploré cette situation qui traîne en longueur. Interrogé sur ce classement peu reluisant de notre pays dans la production de la pomme de terre, l'intervenant mettra cela sur le compte de “la bureaucratie et des vieux réflexes qui font que ne nous n'évoluons pas en la matière”. Sollicité pour plus de précision, M. Lefki notera que “les gens gardent les réflexes des sociocommunistes et oublient que nous sommes en économie de marché qui requiert que nous renouvelions nos connaissances et que nous nous adaptions aux réalités et aux évolutions actuelles”. Cherif Omari, de l'INA d'El-Harrach, qui évoquera l'économie de la filière de la pomme de terre : production, commercialisation et régulation, relèvera de son côté de nombreuses insuffisances. Il s'agit notamment du retard dans le cadre de mise à niveau institutionnel, faible intégration de la pomme de terre dans l'industrie, forte dépendance de la sous-filière semence ainsi que la défaillance de la mise sur la marché. Pour sa part, M. Harouadi, ingénieur agronome, un des éminents spécialistes de la pomme de terre dans notre pays, qui évoquera la fécondation in vitro, regrettera que l'Algérie accuse un important retard en la matière. “Nous avions une longueur d'avance dans les années 1980 par rapport à nos voisins maghrébins, mais malheureusement, nous n'avions pas su mettre à profit notre position de l'époque à travers la fécondation in vitro”. Enchaînant sur les avantages de la fécondation in vitro, M. Harouadi notera la puissance de la multiplication. En ce sens qu'un plant en une année produira 10 millions de plants. La fécondation in vitro permet également l'assainissement des viroses autrement dit un plant initialement virosé “deviendra sain après la fécondation in vitro”. De même que cette technique offre une banque génétique. Dans ce cadre, M. Harouadi déplorera l'absence de zones protégées de point de vue viral. M. Aït Aoudia, industriel, évoquera dans son intervention par rapport aux transformations industrielles de la pomme de terre l'existence d'une multitude de problèmes par rapport “aux variétés de pommes de terre”. “Nous avons des problèmes par rapport au calibre de la pomme de terre, à sa variété et à son taux de sucre”, dira M. Aït Aoudia. Quoiqu'il en soit la plupart des intervenants ont déploré l'insuffisant du développement de la production nationale. NADIA MELLAL B.