La ville d'Oran est sous haute surveillance policière, depuis dimanche dernier, en perspective du double événement qu'elle s'apprête à vivre. La présence policière est ostentatoire et à chaque carrefour, les uniformes sont en faction. De mémoire d'oranais, il n'y a pas souvenir d'un tel déploiement sécuritaire. L'itinéraire présidentiel ainsi que les abords immédiats de l'hôtel Sheraton Oran, qui doit accueillir la réunion des ministres de l'Opep, sont quadrillés systématiquement. Cependant, et à l'approche d'un tel rendez-vous événementiel, un grand point d'interrogation continuait à planer sur l'aptitude des gestionnaires de la ville à être prêts le jour J. À voir Oran se noyer à la moindre averse hivernale, s'effriter aux premières rafales de vent et ressembler davantage à un grand village plutôt qu'à un grand pôle industriel, il est légitime de se poser les questions qui s'imposent d'elles-mêmes. Habitués aux grands chantiers de bricolage, les oranais n'ont pas dérogé à la règle pour ces deux rendez-vous puisqu'ils ont assisté à ce qui se fait en pareille circonstance. La façade de la ville a été liftée alors que l'arrière-cour continue de manger son pain noir. Pour la petite histoire, le président de la République assistera à la clôture de la réunion du cartel pétrolier et inaugurera, entre autres projets, la ligne ferroviaire reliant Es-Sénia à Arzew en passant par Oran. Pour Kouider Metaier, vice-président de l'APC d'Oran, il est indéniable que la ville est prête à recevoir ses hôtes. Cette opportunité, prélude à une autre date importante dans l'agenda de la cité, plaide en faveur d'une recapitalisation de l'événement dans la vie quotidienne d'Oran. “La tenue de la réunion de l'Opep est une étape importante dans la préparation de la rencontre internationale sur le GNL 16. ces rencontres internationales, avec les visites de hautes personnalités internationales, sont considérées comme des évènements structurants”, affirmera M. Metaier. Cependant, cette perspective laisse sceptiques nombre de citoyens qui considèrent que ce genre de manifestations “n'apportent rien de bon aux Oranais, si ce n'est davantage de problèmes de circulation comme c'est le cas à chaque visite d'une personnalité à Oran”, tranchera, dépité, Kader, fonctionnaire, la quarantaine bien tassée. “Où est-ce qu'ils vont les mettre ? Peut-être dans un hôtel de M'dina J'dida”, s'interrogera, presque hilare, Malik, déçu d'avoir raté la visite de Chirac à Oran. Slimane, journaliste et au fait de l'actualité locale, se demande ce que peut offrir la ville en termes d'opportunités d'investissements puisqu'il juge que le sommet de l'Opep peut drainer de réelles possibilités d'attraction touristique de la ville pour peu que les gestionnaires locaux soient à la hauteur de l'événement. “Les infrastructures de base manquent”, constate-t-il. Côté préparatifs, plusieurs réunions ont été tenues sous l'égide du wali pour tracer un programme spécial et essayer de résoudre les problèmes que rencontre la ville. Des projets structurels pour changer le visage de la ville. Dans ce cadre, la commune d'Oran a déployé ses agents relevant de divers secteurs urbains et de la Division de l'hygiène et de l'assainissement (DHA) pour une grande opération de viabilisation. Cette opération a affecté les grands axes de l'itinéraire des invités du sommet, en éradiquant les points noirs recensés. Ils ont concerné, entre autres, des travaux de réfection des chaussées et trottoirs. Compte tenu du nombre de lampadaires hors d'usage, l'éclairage public a été notamment au centre de cette opération de réhabilitation. Comme il a été prévu également le reboisement des espaces verts situés sur le passage des cortèges ministériels. L'opération a démarré de l'aéroport d'Es-Sénia en direction des carrefours et ronds-points des périphéries d'Oran, tels que ceux de la cité Djamel, de l'USTO, les alentours du boulevard du Millenium, le pont Zabana, Sid El-Houari jusqu'à Santa Cruz. Pour Kouider Metaier, ces évènements “génèrent des conséquences heureuses sur la ville : toilettage continu, reprise des voiries, électricité, espaces verts.” Notre interlocuteur fera un parallèle avec la dernière visite du président français sortant à la ville qu'il qualifiera d'échec pour l'image de marque d'Oran puisqu'il jugera les travaux entrepris lors de ce séjour de “bâclés en quelque sorte”. Il estime que les prises en charge actuelles se veulent être des travaux de durabilité. Quant aux dividendes escomptés de ces rencontres internationales, elles tombent déjà dans l'escarcelle communale. “Le centre des congrès de Sonatrach à Canastel a déjà engendré un investissement dans le promotionnel avec les Saoudiens et leur Cité du ciel, et un peu plus loin, un autre gros investissement des Emiratis en contrebas des Falaises de Canastel”, affirme le vice-président de la commune d'Oran. D'autres projets vont voir le jour dans le sillage de ces deux dates à l'exemple de trémies sur l'axe de Canastel ainsi qu'un prolongement du tracé du tramway qui est déjà envisagé. “Et le traitement ne concernera pas uniquement l'itinéraire officiel, mais ira jusqu'au traitement de Santa Cruz”. La ville sera également au centre d'un traitement médiatique spécial puisque la ville attend la visite d'une équipe de la chaîne américaine CNN qui séjournera durant plusieurs jours à Oran. Notre interlocuteur espère que ce qui se dessine au niveau des pouvoirs publics, c'est de faire d'Oran, non pas la deuxième ville d'Algérie, mais lui donner plutôt le statut de deuxième capitale. S. O.