Vingt-quatre heures à peine avant l'ouverture officielle de la réunion extraordinaire de l'Opep, ce mercredi à Oran, que d'ores et déjà les enjeux autour de la régulation des cours mondiaux du pétrole et bien au-delà sont clairement établis. En effet, le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, président en exercice de l'Opep, qui se trouve depuis hier à Oran a, dans un point de presse improvisé au Sheraton, indiqué qu'il y avait un consensus entre les membres de l'Opep pour réduire la production, mais se refusant en l'état de donner une indication chiffrée quant au volume de cette réduction. Mais l'événement qui semblait passionner le plus la presse internationale était la question de l'adhésion de la Russie à l'Opep, et de son soutien pour une réduction de la production de pétrole. Pour M. Chakib Khelil, la russie “est disposée à apporter son appui à l'Opep. La venue de la délégation russe, notamment le vice-Premier ministre et le ministre de l'Energie peut nous laisser supposer qu'il y aura une annonce importante”. Et de poursuivre : “Si la Russie confirmait son intention d'adhérer à l'Opep, nous nous retrouverions dans une situation où l'Opep représenterait 50% de la production mondiale de pétrole.” Si cette décision venait donc à se confirmer, son impact sur les marchés pétroliers serait de taille et aurait même une incidence géostratégique qui risque fort de modifier les rapports de force dans nombre de régions du monde. Poursuivant son intervention, le ministre de l'Energie et des Mines a estimé que les pays producteurs de pétrole, mais non membres de l'Opep, avaient tout intérêt à soutenir la position de réduction de la production. “Si les prix baissent, ils baissent pour tout le monde”, mais en n'omettant pas de signaler qu'il faudra une baisse effective et non pas seulement des déclarations qui ne soient pas suivies d'effet. Le cas du Mexique a été abordé par le ministre qui signale que ce pays a vu sa production décliner déjà de 200 000 barils/jour et participe donc de façon indirecte à la baisse de production mondiale. Le cas de l'Irak, qui est “hors quota”, a été évoqué suite à une question posée à M. Chakib Khelil qui dira que cela ne gênerait pas l'Opep. Alors que l'Algérie a pour sa part déjà réduit sa production de 80 000 b/j, le ministre de l'Energie et des Mines a encore estimé qu'un prix de 75 dollars le baril “serait un bon prix aussi bien pour les pays producteurs que les pays consommateurs. Nous devons aller à une stabilisation de ce prix ou sinon dans deux ou trois ans, il y aura à nouveau une forte hausse des cours du pétrole”. Hier, en fin de journée, les autorités s'apprêtaient à accueillir les premières délégations des pays membres de l'Opep. Par ailleurs, tout semble indiquer que le président Bouteflika sera bien là pour prononcer un discours important lors de l'ouverture de cette réunion extraordinaire de l'Opep, et ce, avant de poursuivre une visite d'inspection, où il aura à inaugurer plusieurs projets importants, notamment dans le secteur de l'énergie. Djamila Loukil