Ancien journaliste multidisciplinaire, Hamid Grine s'est fait connaître tant dans le milieu de la radio que dans celui du sport. Cependant, il se dit être, avant tout, “un journaliste culturel”. L'écriture s'est imposée à lui à chaque étape de sa vie puisque sept de ses livres traitent du sport, le plus connu décrit le grand joueur Lakhdar Belloumi. Hamid Grine ne s'aventure au roman et à l'essai qu'à partir de 2004, et le voici qui publie en 2008, aux éditions Alpha, le Café de Gide. Ce tout dernier roman renvoie à un pan, quelque peu occulté, de l'histoire culturelle algérienne, puisqu'il évoque le passage à Biskra de l'écrivain français André Gide. Les deux auteurs ont ce point en commun, à savoir l'amour de cette ville, puisque l'un en est originaire et l'autre s'en est un jour épris puis l'a adoptée. Cette histoire commune, Hamid Grine en a fait un roman, sans doute le plus important de tous pour lui. “Certains disent que je l'ai écrit à la hâte ! je leur répond que c'est un livre que j'ai en moi depuis toujours, je l'ai porté comme un enfant, sauf que la gestation a dépassé les neuf mois. L'écriture de ce roman m'a aidé à vivre (…)”, a-t-il assuré. Hamid Grine a voulu transmettre à ses lecteurs l'histoire de cet écrivain marginalisé en France, à cause de son homosexualité affichée, et ce malgré l'importance de son œuvre littéraire. Le roman met en scène le passage d'André Gide à Biskra, une ville où il a laissé de nombreuses traces. Il y a beaucoup de fiction mais le réalisme trompe l'œil au point que M. Grine a été obligé de le rappeler jeudi : “Ce n'est pas un roman autobiographique.” L'énigme est également au rendez-vous et la fin ouvre le champ à l'imagination et aux suggestions. L'auteur a donc fait preuve d'audace en ravivant cette mémoire sciemment oubliée, pour qu'elle ne se perde pas. A. H.