Hier, les dirigeants arabes continuaient leurs tractations pour la tenue d'un sommet, prévue probablement pour vendredi, pendant qu'Israël massait ses chars à la frontière de Gaza et rappelait 6 500 soldats réservistes, dans la perspective d'une vaste opération terrestre pour poursuivre le massacre des Palestiniens. L'Etat hébreu, qui a entamé, samedi, sa sale besogne d'assassinat de Palestiniens, dans une bataille où le rapport des forces est disproportionné, comme l'a souligné le président français, Nicolas Sarkozy, dans sa condamnation de la violence à Gaza, donnait la nette impression, hier, de mener à terme son carnage. En Effet, l'armée israélienne massait ses chars et ses troupes à la frontière de la bande de Gaza tout battant le rappel de 6 500 soldats réservistes, laissant présager d'une vaste opération terrestre dans les jours à venir. Ainsi, près du point de passage d'Erez, au moins seize chars ont été positionnés alors que plusieurs autres arrivaient, convoyés sur des camions militaires. De nombreux véhicules de transport de troupes étaient également stationnés dans le secteur. À une cinquantaine de kilomètres plus au Sud, une dizaine de chars étaient également déchargés. Des tentes de l'armée israélienne ont, par ailleurs, été installées dans le secteur, où des soldats affluaient avec leur équipement de combat. C'est dire qu'Israël met le paquet pour venir à bout des quelques roquettes du Hamas, dont la portée ne dépasse pas des dizaines de kilomètres et avec une des conséquences très limitées. Puissance nucléaire, dotée de tous les types d'armement conventionnels et non conventionnels, Israël s'apprête donc à mettre à feu et à sang les 362 km2 de la bande de Gaza avec la bénédiction de la communauté internationale. En dehors de timides condamnations, dans lesquelles le Hamas est désigné comme le principal responsable de la violence, Israël bénéficie même de la sympathie et du soutien de l'administration Bush. Pendant ce temps, le Hamas persistait dans sa position de défiance, s'en prenant également à l'Egypte. Cette dernière a accusé, hier, le mouvement islamiste d'empêcher des centaines de blessés palestiniens dans les raids aériens israéliens de quitter la bande de Gaza, tandis que des ambulances vides les attendaient du côté égyptien de la frontière. C'est ce qu'a affirmé le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheït, lors d'une conférence de presse avec le président palestinien Mahmoud Abbas, en visite en Egypte. En réponse à une question sur les raisons de cette interdiction, il a répondu : “Demandez à ceux qui contrôlent Gaza. Nous attendons les blessés à la frontière, ils ne sont pas autorisés à passer.” Et d'ajouter : “Personne n'est venu, nous ne savons pas pourquoi ils ont fermé de l'autre côté.” Pour justifier cela, le gouvernement du Hamas a affirmé “ne pas avoir été officiellement informé par l'Egypte de l'ouverture du terminal de Rafah”, comme si une aide humanitaire a besoin d'un canal de communication officiel. Pis, un porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, a exigé une ouverture permanente du terminal, rejetant sa réouverture exceptionnelle pour laisser passer les blessés vers l'Egypte. “Nous dénonçons l'ouverture de Rafah aux corps carbonisés alors qu'on empêche l'acheminement des vivres et des médicaments aux vivants dans la bande de Gaza”, a-t-il déclaré. Cela renseigne sur l'état d'esprit dans les rangs arabes dans les moments de crise. D'ailleurs, Mouammar Al-Kadhafi n'a pas raté l'occasion de fustiger les réactions “lâches et défaitistes” des pays arabes face à l'offensive israélienne contre la bande de Gaza. Selon l'agence libyenne Jana, en réaction à des initiatives arabes en faveur d'un sommet extraordinaire, le colonel Al-Kadhafi a affirmé qu'il n'assisterait pas à un “sommet qui fait jouer un disque rayé depuis longtemps”. “Combien de fois vous avez tenu un sommet extraordinaire pour la Palestine ? Qu'est-ce que vous avez fait ? (...) Moi, je ne veux plus entendre ce disque ?”, a lancé, samedi, le leader de la révolution libyenne en direction de ses pairs arabes. Ceci étant la réunion des ministres des Affaires étrangères, prévue pour hier, n'aura finalement lieu que mercredi, et un sommet des chefs d'Etat pourrait se tenir vendredi. L'information a été rendue publique, samedi soir, par Abdelkader Hadjar, ambassadeur et représentant permanent de l'Algérie auprès de la Ligue arabe, qui a indiqué à l'issue de la réunion, que les représentants ont décidé la tenue de la réunion extraordinaire des ministres arabes des affaires étrangères, mercredi au Caire, au lieu de dimanche en raison des engagements des ministres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) qui doivent se réunir dimanche à Mascate. “Nous aurions souhaité que cette réunion se tienne dans les plus brefs délais en raison de la situation que vit le peuple palestinien à Gaza”, a-t-il déploré. Sur le terrain, un calme précaire régnait hier dans la bande de Gaza, où l'on craint le pire pour les prochains jours. R. I./Agences