La progression des importations : 300% en six ans reste préoccupante. L'optimisme affiché par le gouvernement quant aux conséquences de la crise financière sur l'Algérie ne cache pas, pour autant, les menaces réelles qui pèsent sur l'économie nationale à moyen et long terme. Même si la position financière extérieure du pays demeurera positive pendant les cinq années à venir, tel que souligné par le Premier ministre, il n'en demeure pas moins que la crise constitue un rappel pressant quant aux alertes certaines qui méritent d'être prises en compte. L'Exécutif semble en être conscient. Si les réserves de changes estimées à 138 milliards de dollars et les mesures préventives prises par l'Etat, liées entre autres au remboursement de la dette, se veulent des atouts favorables, les équilibres budgétaires en revanche seront soumis à une plus forte tension, reconnaît le Premier ministre dans un argumentaire justifiant la nouvelle instruction sur l'investissement étranger. Cette situation est provoquée par la nature de la structure de l'économie et la dépendance des recettes du Trésor de la fiscalité pétrolière. Ainsi, les pouvoirs publics doivent se pencher sérieusement sur le problème de la progression de la facture des importations en hausse de 300% en 6 ans. Cela est dû à l'accroissement de l'activité économique et de l'inflation mondiale. M. Ahmed Ouyahia parle aussi d'un excès dans la dépense encouragé par le crédit à la consommation qui représente de plus en plus une menace pour les ménages. L'autre souci évoqué a trait à l'excès dans les avantages consentis par la législation, à régulation encadrant les investissements étrangers en matière de transferts de capitaux. Par ailleurs, la production nationale a été marginalisée sur son propre marché causé par le démantèlement tarifaire jugé irrationnel dans sa substance et les règles du crédit favorisant l'activité de négoce au détriment de l'activité productive. Le gouvernement a ressenti, en outre, la nécessité d'ériger au rang d'une priorité nationale la lutte contre le gaspillage ainsi que les différentes formes de fraude. L'Algérie, rappelle également Ouyahia, se doit de prendre les mesures opportunes pour la sauvegarde de ses propres intérêts économiques. “Cela ne signifie nullement une intention de l'Algérie de remettre en cause les engagements internationaux qu'elle a déjà contractés, ni de remettre en cause la construction d'une économie de marché encore moins un retour en arrière sur l'insertion de l'économie nationale dans l'économie mondiale”, précise le Premier ministre. Une chose est sûre, M. Ouyahia reconnaît que la crise financière et économique internationale actuelle est une étape complexe dont les effets profonds et la durée réelle échappent encore aux analyses de tous les milieux spécialisés dans le monde. Toutefois, le regard doit être tourné en ce moment précis vers l'investissement direct étranger (IDE) de par son impact positif sur la relance de l'économie nationale. L'un des facteurs qui pourrait attirer davantage ces IDE, l'on peut citer la réduction de la dette publique interne de 30% entre 2007 et 2008. Elle est passée de 1 050 milliards de dinars à 733 milliards de dinars. Ce désendettement est, en fait, une marge de manœuvre en matière de mobilisations financières nécessaires pour faire face à la crise. À cela, il faut ajouter les capacités de l'Algérie à poursuivre le financement de ses projets d'investissement pendant au moins deux ans et demi, comme l'a affirmé récemment le gouverneur de la Banque d'Algérie. M. Abdelatif Benachenhou, lui, parle de 3 ans. Le fonds de régulation des recettes (FRR) contenant une enveloppe de 58 milliards de dollars et les liquidités des banques évaluées à 33 milliards de dollars à fin novembre dernier sont autant de facteurs qui militent pour la bonne santé, du moins pour le moment, des finances du pays. En outre, le ministre des Finances a déclaré que la loi de finances 2009 établie sur un prix de référence du baril de pétrole à 37 dollars permettra de gérer la situation à court et moyen terme. Il a, néanmoins, expliqué que si le brut descend à moins de 67 dollars – il se situe actuellement autour de 40 dollars –, on sera obligé de puiser dans le FRR. B. K.