“le gouvernement devra prendre toute mesure de nature à contribuer à la réduction des importations…”, est-il explicitement mentionné dans la note signée par Ahmed ouyahia, le 22 décembre dernier. Et sur la lancée, le gouvernement préconise “le retour aux biens et services d'origine algérienne, qui s'avère une des solutions idoines dans ce contexte”. Il est vrai que le niveau actuel des importations traduit une forme de bien-être et d'aisance, mais un tel confort, adossé à des réserves de changes sujettes à de brutales fluctuations pétrolières, ne peut en aucun cas être interprété comme étant le produit naturel d'une embellie économique. Entre deux années seulement, nos importations se sont “aggravées” de plus de 14 milliards de dollars en ce sens où en 2006, la facture était de plus de 21 milliards de dollars pour passer à plus de 35 milliards de dollars pour ces 11 mois de l'année 2008. Cela dénote de cet “appétit à la consommation”, ravageur de devises d'autant que pour l'alimentation importée, la dépense a presque doublé en l'espace de deux années. La flambée des cours de certains produits au niveau mondial pendant une certaine période n'explique pas, à elle seule, cette explosion des chiffres. L'élément importation est devenu un paramètre déterminant pour une bonne lecture économique et ce, comme l'attestent toutes les déclarations de nos responsables en réaction aux effets de la crise mondiale. “L'état des réserves de changes de l'algérie nous permet d'assurer cinq années d'importations”, lançait le premier ministre rassurant. Mais en réalité, si l'on devait se fier aux termes de l'instruction du premier ministre et qui fait suite aux travaux du conseil des ministres du 7 décembre dernier, le gouvernement semble chercher des voies de limitation des dépenses et s'emploie à cibler les importations. “le gouvernement devra prendre toute mesure de nature à contribuer à la réduction des importations…”, est-il explicitement mentionné dans la note signée par Ahmed ouyahia, le 22 décembre dernier. Et sur la lancée, le gouvernement préconise “le retour aux biens et services d'origine algérienne, qui s'avère une des solutions idoines dans ce contexte”, est-il encore précisé. Les directives du gouvernement à l'adresse des responsables publics ne précisent cependant pas le mode d'emploi quant à cette faisabilité qui a pour objectif de freiner les flux des importations. S'agit-il donc d'un début de travail qui consistera à segmenter ces flux en importations utiles, d'une part, et importations de confort, d'autre part, sans prendre le risque de tomber sous le coup du protectionnisme ? Faut-il également s'attendre à des instructions à l'adresse des responsables du commerce ou des banques publiques pour les associer dans cette démarche d'économie de devises par l'instauration d'une sorte de contingentements par produits ? Des questions qui restent posées tant que l'objectif annoncé, de ramener à la raison la facture de l'importation et surtout de protéger l'outil national, s'inscrit dans une vision de promotion du produit algérien. Il n'est pas exclu, à ce titre, de voir se définir de nouvelles normes de qualités et des standards nationaux sur une foule de produits superflus qui inondent le marché algérien. En somme, des barrières qualitatives et de normes qui fermeraient le marché aux produits de provenance douteuse. En l‘absence de précisons claires et de mode d'emploi quant à cette réduction recherchée, la crainte consiste à voir cet éventuel verrou donner lieu à des dérapages au niveau des structures bancaires, douanières et de commerce, notamment en matière de favoritisme quant à l'accès à telle ou telle autre opération d'importation. Ce qui serait synonyme de gisement de corruption sur fond et “fonds” de marchandages. En revanche, et sur le volet passation de marchés publics par le biais des appels d'offres, le gouvernement a été plus qu'explicite en définissant les règles et en délimitant le champs d'application en vue de favoriser, dans une marge de 15% de valeur, le soumissionnaire algérien face à tout concurrent étranger. Ce qui s'appelle la règle de prévalence qui est d'ailleurs, comme le rappelle encore le premier ministre “appliquée même dans des pays de vieille tradition libérale”. Autrement dit, comme nous l'a si bien appris la crise financière mondiale, le prétexte du protectionnisme et de l'interventionnisme de l'Etat ne semble plus d'actualité même chez les plus grandes puissances. Le nationalisme économique a été plus fort que les slogans du libéralisme alors pourquoi ne le serait-il pas chez nous ? A. A.