La mesure de libération de tous les détenus du mouvement citoyen, décidée suite à l'engagement solennel de Ouyahia formulé dans son invitation au dialogue avec les archs, n'a pas touché tous les détenus. C'est du moins ce que s'accordent à soulever les délégués de la CICB, les ex-détenus fraîchement libérés et les parents de prisonniers. En effet, les six détenus de Kherrata condamnés, le 16 mars 2002, par la cour criminelle de Sétif à 10 ans de prison ferme sont toujours en détention. Et ce, bien que leur affaire soit liée au mouvement. Cette lourde condamnation a été qualifiée par le mouvement d'arbitraire et surtout de politique. D'ailleurs, ce jugement serait compris comme une tentative du pouvoir de stopper tout élargissement de la contestation populaire à d'autres wilayas. Pour le délégué de Souk El-Tenine et membre de la CICB, Ikhlef Kaza : “Notre exigence préalable pour toute négociation sérieuse est claire : c'est bien la libération de tous les détenus et sans la libération de nos six manifestants de Kherrata, on ne peut point parler de dialogue.” Quant à leurs parents, ils se posent la question relative à la décision arbitraire de la justice en ôtant la couverture des archs à l'affaire. “Leur arrestation s'est faite le jour et sur les lieux des émeutes. Et c'était sous la pression du mouvement qu'ils ont été remis en liberté provisoire”, déclarent-ils. Selon le délégué de Kherrata, Nacer Zerarga, dit William Wallace, “nos frères détenus doivent être élargis au même titre que leurs camarades de Béjaïa, de Bouira et de Tizi Ouzou, car ils sont tous des animateurs du mouvement citoyen. Nous allons intervenir auprès des autorités concernées pour obtenir leur libération”. À rappeler que les faits de l'affaire de ce groupe remontent au mois au 23 juin 2001 lorsque la ville de Sétif a connu une vague d'émeutes, d'incendies de plusieurs bars et actes de sabotage. Ces manifestants ont été accusés de trois chefs d'inculpation, à savoir incendie volontaire, vol qualifié et destruction de biens d'autrui. Au départ, l'affaire a été classée parmi celles liées au mouvement citoyen. Les six prisonniers ont passé 29 jours en prison avant qu'ils ne bénéficient de la liberté provisoire, et ce, après qu'une délégation de délégués de la CICB et des avocats du collectif du mouvement eut été reçue par le procureur général de Sétif. Mais une fois rejugés, au mois de mars précédent, la cour a décidé autrement. La justice a enlevé le caractère politique de l'affaire en la classant et jugeant en session criminelle au lieu de la pénale comme c'était le cas au début. A. M.