Les dernières statistiques révélées par le premier responsable de l'Etablissement national de contrôle technique automobile, l'organisme public qui parraine les 210 agences de contrôle automobile agréées, sous-entendent que la vérification des organes de sécurité du véhicule, léger ou utilitaire, s'effectue d'une manière régulière et adéquate. Rien que pour l'année 2008, selon le directeur général de l'ENCTA lors de l'intervention dernièrement sur les ondes de la Chaîne III, pas moins de 1 870 805 véhicules ont subi des contrôles dans des stations privées agréées. Ces chiffres communiqués sur la base des PV transmis par les agents agréés et les gérants des stations de contrôle sont-ils vérifiables, puisque le décompte est fait sur la base de vignettes vendues et collées sur le pare-brise de la voiture ? Le même responsable signale encore en termes de bilan, le nombre d'opérations de contrôle effectuées depuis 2003, date à laquelle le dispositif de contrôle technique a été mis en place, est de 7 548 748 véhicules. Rappelons au passage que ces points soumis à la vérification sont le système de freinage, de la colonne de direction, ainsi que de la suspension. En somme, les organes essentiels du véhicule qui touchent directement à la sécurité des personnes. Paradoxalement, la mortalité routière va crescendo d'année en année. La moyenne tourne malheureusement autour de 4 000 victimes par année. Alors que le contrôle automobile a été rendu obligatoire par les pouvoirs publics dans le but de contribuer un tant soit peu à réduire le nombre de victimes du “terrorisme routier”. La promulgation du décret et des mesures d'accompagnement devant assurer son implication sur le terrain a été dictée sur la base des analyses faites par des spécialistes de la sécurité routière. Ces derniers pointent du doigt, dans leurs rapports à chaque occasion, la défaillance technique du véhicule, outre évidemment l'excès de vitesse, le conducteur, le mauvais état des routes, et le plus fréquent, le non-respect de la réglementation routière. En dépit de la batterie de mesures, l'on évoque des cas de contrôle technique effectué à tort à travers notamment dans les moments où la demande atteint son pic. Devant cet état de fait, un gérant d'une station de contrôle dans la région du centre a dernièrement déclaré dans les colonnes de Liberté que “l'insuffisance, voire l'absence dans beaucoup de cas, du contrôle technique des véhicules mis en circulation dans notre pays est à l'origine, pour un grand pourcentage, des accidents mortels sur nos routes. Cette réalité nous a été démontrée moult fois par des agents de contrôle en découvrant des PV vierges sur des véhicules en état de véritable épave”. L'on comprend naturellement qu'il sous-entend qu'on délivre parfois des PV de complaisance. S'il y a fraude sur le PV de contrôle, l'ENCTA a-t-il les moyens humains et matériels de débusquer la tricherie ? Autrement dit, cet organisme public parvient-il à contrôler en bonne et due forme les autos bilans transmis par le gérant de stations ? Sans jeter l'opprobre sur le contrôleur, ces pratiques frauduleuses sont encouragées, faut-il l'avouer, par les usagers eux-mêmes. Le propriétaire du véhicule est-il inconscient au point de savoir qu'un PV de contrôle de complaisance participe en réalité à sa mort sur la route au lieu d'être un garant de sa sécurité. H. Hattou