Lors des premières interventions effectuées au sein des deux cellules d'urgences installées dans l'enceinte même de la résidence universitaire, un geste a failli tourner au drame. Des agents ont donné aux étudiantes un pansement dont la date de péremption est venue à termes une année jour pour jour. En effet, sur les sachets Smecta lot N 06H du laboratoire Beaufour Ipsen pharma, la date donnée est celle du 8 février 2008. Prises par des douleurs, les étudiantes n'ont pas fait attention à cette indication dans l'urgence. Elles ne se rendront compte de la situation qu'après. Les 6 dernières étudiantes, gardées en observation au sein du service des maladies infectieuses du CHU de Constantine, dont le cas a été jugé grave, ont quitté l'hôpital, hier, après avoir reçu les soins nécessaires. Elles font parties d'une soixantaine d'étudiantes qui ont été hospitalisées, alors que 300 autres ont été prises en charge par les cellules d'urgences installées dans l'enceinte même de la cité universitaire. Ces étudiantes, venant de l'intérieur du pays, étaient dans leurs chambres respectives lorsqu'aux environs de 4 heures du matin, elles ont commencé à souffrir de violentes douleurs au ventre accompagnées de vomissements et de diarrhées aiguës, soit les symptômes d'une toxi-infection. Hier, en attendant les résultats définitifs du laboratoire d'hygiène, des sources médicales nous ont révélé que l'origine de cette toxi-infection serait la crème pâtissière contenue dans un gâteau que les victimes ont eu comme dessert au dîner du lundi. En plus des problèmes de santé publique, cette intoxication a perturbé les cours et les examens au moins au sein de l'université islamique de l'Emir-Abdelkader où est scolarisée une grande partie de ces résidentes. À Constantine, à l'instar des autres grandes villes du pays où les services d'hygiène sont sensés plus outillés, exception de quelques établissements à Alger, aucun serveur dans une boucherie, pâtisserie, restaurant, pizzeria ou café n'utilise de gant. Rares sont les robinets de lavabos qui répondent aux normes, devenant eux-même vecteurs de contamination. Pour revenir à Constantine, aucun critère d'hygiène n'est respecté même dans les deux marchés du centre-ville. Des carcasses de bêtes sont transportées dans des brouettes en acier. Pour le poulet, par hasard, c'est toujours la date du jour qui est mentionnée sur les étiquettes comme date d'abattage. Pour beaucoup d'observateurs, il ne sert à rien de nier que l'Algérien est devenu sale quitte à ne pas plaire à des optimistes zélés. La question de l'hygiène de vie s'est sensiblement dégradée chez nous alors qu'ailleurs, en une décennie, de profondes mutations dans le mode de vie ont affecté les populations. L'heure est au retour à l'éducation du citoyen et les médias publics lourds servent aussi à cela. Lynda Nacer