Ils ont vu tout faux. Pour remonter dans l'estime de leurs électeurs, la coalition au pouvoir en Israël (Kadima et les travaillistes) a mis Gaza à feu et à sang, n'hésitant pas à y perpétrer des crimes contre l'humanité et à mettre dans la gêne ses alliés les plus fidèles. Au final, non seulement Hamas en sort grandi en passant de son statut d'islamiste empêcheur de tourner en rond à celui de résistant aux jeux et tergiversations israéliens, mais qui plus est encore, leur sordide calcul de coiffer au poteau le Likoud a fait chou blanc. Netanyahu dit “Bibi” de la droite la plus à droite est resté le grand favori des législatives anticipées qui auront lieu le 10 février, même si le mode de scrutin proportionnel intégral et de circonscription unique favorise l'éparpillement et les petits partis. Sauf imprévus de dernière minute et bien que les Israéliens auront le choix entre une quarantaine de partis, le Likoud de “Bibi” et ses alliés de la droite ultra-religieuse auront la majorité relative à la Knesset, devant Kadima, le parti de centre droit dirigé par l'actuelle ministre des AE Tzipi Livni, et le Parti travailliste du ministre de la Défense Ehud Barak. L'assassinat de 1 400 Palestiniens, en grande partie des femmes et des enfants, et la destruction systématique de Gaza (4 000 habitations et pratiquement toutes les infrastructures de service public) un mouchoir de 40 km sur 10, par air, mer et voie terrestre, auront été d'horribles crimes gratuits. Le parti de la droite et les ultra-orthodoxes ont le vent en poupe dans les sondages. “Bibi” se paye même l'indécence de promettre le renforcement de sa ligne dure, estimant que l'opération militaire à Gaza n'était pas allée assez loin ! Il a aussi annoncé que, s'il était élu, il serait intransigeant pour la Cisjordanie. Cultivant son image d'homme de droite, le plus américain de la classe politique israélienne multiplie les signes de fermeté. Sa dernière déclaration visait par exemple le statut de Jérusalem-Est. Pas question que les Palestiniens en récupèrent une partie pour en faire leur capitale. Avec lui, Obama aura de sérieuses difficultés ne serait-ce que pour rouvrir le dossier d'Annapolis, ce package renfermant le mode d'application pour l'instauration d'un Etat palestinien que lui a légué Bush junior. Le retour de “Bibi” aux affaires n'arrange pas celles de l'Autorité palestinienne ni celle de pays arabes qui sont restés sourds aux appels au secours des Gazaouis, plus particulièrement de l'Egypte et de la Jordanie qui nourrissent des liens diplomatiques et même plus avec leurs voisins israéliens. Netanyahu a fait savoir qu'il en à rien à foutre de ces bricolages que les Arabes modérés ont essayé de faire passer comme de la realpolitik. Il a annoncé qu'en cas de victoire, il proposerait un ministère important à Avigdor Lieberman, chef d'un parti d'extrême droite, qui a pour nom Israël Beiteinou, qui monte dans les intentions de vote pour son refus d'un Etat Palestinien. Et ce Lieberman se verrait bien, lui, à la tête de la Défense ! Moubarak et Abdallah II seront dans la farine. Dans l'affaire, seul Hamas aura vu juste. D. Bouatta