Comme dans tous les pays, on ne parlera jamais assez de la corruption et de ses effets dévastateurs de l'économie et de la société. En Algérie, la corruption est encore plus destructrice car elle n'est pas seulement, comme dans les pays développés, le prélèvement d'une partie de la richesse publique au bénéfice de quelques parasites ; elle exerce, en plus, une influence sur la prise des décisions, lesquelles ne sont plus alors susceptibles de contribuer au développement du pays. Or, dans le cadre de toute action censée favoriser le développement national, il faut qu'il soit clair que toute forme ou tout soupçon de corruption est susceptible d'avoir des effets néfastes, qu'il s'agisse de versements de pots-de-vin ou de l'usage de prête-noms aux fins d'intéresser des décideurs administratifs et publics. Clairement, toute ouverture économique avec ce qu'elle laisse supposer d'investissements nationaux ou étrangers sera facile à mettre en œuvre si tout soupçon de corruption ou de comportement de type mafieux en est écarté, pour cela faut-il encore que les législations des pays développés mettent hors la loi les actes de corruption commis par leurs ressortissants dans leurs relations d'affaires avec d'autres pays, car il est établi, en effet, que la lutte contre la corruption dans ces pays s'arrête dès qu'il s'agit d'exportations ou d'investissements. Aussi, de même qu'il est exigé des pays du Sud qu'ils ouvrent leurs économies respectives, faut-il exiger des pays du Nord qu'ils mettent fin au comportement corrupteur de leurs ressortissants ! L'alliance entre Algériens et étrangers profitant de la situation de transition de notre économie manque totalement de transparence au niveau des relations commerciales et des investissements. Et, les opérateurs algériens, tant du secteur public que privé, ayant accepté sincèrement le passage à l'économie de marché, trouvent inacceptables et condamnables ces comportements prédateurs auxquels des entreprises étrangères prêtent la main. De ce point de vue, il faut noter, pour exemple, la perplexité des opérateurs économiques et des observateurs devant le fait que certains milieux d'affaires étrangers agissent comme s'il existait une obligation légale de se faire parrainer par une personne physique algérienne, agissant, dès lors, en exportateurs livrant leurs produits depuis l'Europe, évitant d'avoir directement pignon sur rue dans le pays… Un tel comportement renforce considérablement la puissance des milieux prédateurs algériens qui ne sont pas de nature à susciter des recherches d'alliance avec les autres milieux d'affaires algériens dont la finalité est industrielle, économique et se rapporte à la croissance et à la création de richesses nouvelles portées par la volonté de développement et l'esprit d'entreprise. Aussi faut-il, lorsqu'on parle de développement, de coopération, d'ouverture à toute forme d'investissement et de partenariat, aborder les questions ci-dessus évoquées car au cœur d'un développement et d'une croissance équitables et que leur persistance viendrait à freiner. Il faut, certes, que les opportunités ainsi que les voies et moyens de partenariat et de coopération entre l'Algérie et des pays de tout continent soient examinés et suivis constamment avec une grande attention ; s'agissant là d'assurer de nouvelles bases de croissance et de progrès au marché algérien et bloquer, de ce fait, la redistribution entre les prédateurs de différents bords dont l'action a été favorisée par les décennies passées. LARBI R. ABAHRI